L'Église cathare de France renaît

C'est le 24 août dernier que l'assemblée constituante a créé l'association à objet cultuel qui marque la résurgence de l'Église cathare de France.
Disposant d'un chrétien cathare consolé après cinq ans de noviciat mené de façon ouverte et publique, elle peut maintenant s'atteler à la tâche de rendre au catharisme sa dimension religieuse, longtemps oubliée des chercheurs et des historiens.

Un projet important est en cours de réflexion : l'installation physique d'un lieu de vie pour la communauté évangélique et d'un lieu d'accueil pour les personnes désirant venir effectuer une retraite ou suivre un culte public.
Nous en discutons dans le forum de la vie ecclésiale et évangélique qui n'est visible que des inscrits. Si cela vous intéresse, pensez à vous enregistrer sur les forums.

Le 24 août dernier l'Église cathare de France a passé le cap de son premier anniversaire. Pas mal pour une religion qui, selon certains «chercheurs», n'aurait jamais existé.

Bonjour Guilhem, et félicitations pour ce cap d'un an franchi comme si c'était hier.

Je lis régulièrement sur les réseaux sociaux que toute tentative de résurgence religieuse cathare est impossible car la chaîne des consolations par imposition des mains a été interrompue à la fin du Moyen-Age ce qui impliquerait que toute personne qui se dirait consolée de nos jours serait un imposteur ou un doux rêveur.

Je te reconnais pleinement comme consolé, en raison du noviciat que tu t'es imposé et qui t'a amené à procéder à ta propre consolation au bout de cinq ans de vie religieuse au milieu de ce monde, et aussi en raison de l'exemple quotidien d'application sereine de la règle de Justice et de Vérité que tu donnes depuis ta consolation. 

Mais j'avoue ne pas être en mesure de faire passer ce ressenti de façon pertinente et convaincante lorsque je lis les propos de gens qui doutent ou te remettent en cause.

Aussi je souhaiterais avoir ton avis et tes conseils sur les arguments théologiques, historiques, ou autres, que tu estimerais les plus pertinents pour être en mesure d'expliquer aux incrédules et aux sceptiques que tu es bel et bien un chrétien consolé de même niveau que nos ancêtres médiévaux.

Qu'est-ce qui, après cinq ans, t'a convaincu que l'Esprit t'avait appelé et t'a amené à procéder à ta consolation? Me faisant l'avocat du diable afin de pouvoir mieux disputer avec nos adversaires, es-tu certain que tu as répondu à l'appel de l'Esprit sans être victime d'une manipulation du Démiurge, et, si oui, qu'est-ce qui te fait penser de la sorte?

Le première chose à rappeler à ceux qui critiquent sans avoir pris la peine d'étudier est la suivante : 
- qui a consolé les premiers apôtres chrétiens ? La réponse figure clairement dans le deuxième chapitre des Actes des apôtres :
«Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu quand soudain vint du ciel un bruit comme d'un violent coup de vent qui remplit toute la maison où ils étaient assis, et ils virent des langues, comme de feu, se partager et se poser sur chacun d'eux, et tous furent remplis de l'Esprit saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de les prononcer.»
Donc, c'est par une action directe et non humaine que furent réalisées les premières Consolations. La transmission humaine n'est donc pas requise et je dirais même qu'elle serait incohérente puisque cela viendrait à la remettre au pouvoir du Mal qui domine ce monde.
Si j'ai choisi le prénom Guilhem c'est que je considère être un Consolé de niveau modeste, comme le fut Bélibaste. Mais si j'ai décidé d'affirmer ma Consolation, c'est qu'au bout de cinq ans j'ai constaté que mon travail d'étude et de mise en pratique de la foi cathare était abouti et que je devais passer ce cap. Dans ma méditation personnelle cette révélation s'est faite jour en moi comme si le Saint Esprit lui-même m'y poussait, ce qui m'a fait dire que ma Consolation sacramentelle suivait ma Consolation spirituelle.

Merci beaucoup Guilhem. C'est clair, logique et percutant.
Il m'apparaît en fait que les contestataires demeurent arc-boutés sur le plan purement mondain et historique, en s'intéressant uniquement aux chaînes de transmission humaines, sans en comprendre la raison d'être profonde. 
Ils n'arrivent pas à intégrer qu'une religion est d'abord et avant tout fondée sur la foi de ceux qui la pratiquent. La foi cathare s'appuyant sur le Nouveau Testament, le cathare pratiquant a lu et considère comme vrai que l'Esprit souffle où il veut, et qu'il s'affranchit donc des chaînes de transmission mondaines si cela lui sied.
Ainsi, à l'extrait des actes des apôtres que tu as mentionné, on peut aussi ajouter l'exemple édifiant de la conversion de Paul, qui montre bien que c'est d'abord la grâce qui te touche et qu'ensuite tu peux éventuellement recevoir l'imposition des mains, comme ce fut son cas.
Ce n'est pas la lignée sacerdotale qui fait le consolé, mais la grâce de l'Esprit. Mais pour comprendre cela, il faut accepter que la foi existe, que des gens aient cette foi et qu'ils la mettent volontairement en pratique et que cette pratique doit être prise au sérieux car elle est éminemment respectable et ne nuit en rien à personne.

Oui et Paul prouve que Jésus n'est qu'un support mondain à un concept spirituel : Christ.
Aucune Église chrétienne ne peut prétendre à une chaîne apostolique ininterrompue, car même les catholiques ont connu des soubresauts dans la succession des papes.

Pierre, pourquoi ne demandes-tu pas à ces détracteurs de préciser quelles sont exactement leurs connaissances actuelles sur le catharisme, quels auteurs ont-ils déjà lus ( et tu pourras alors les conseiller) ? Et leur rappeler gentiment que dans le cas où ils n'ont pas acquis les connaissances de base sur le sujet, leurs critiques ne sont pas recevables et se nomment en fait calomnies.

Notre monde connaît une inversion des valeurs.
Ce qui est ancien est dévalorisé par rapport à ce qui est récent et ce qui est savant est dénigré par rapport à ce qui vient de ouï-dires. La plupart des critiques que j'ai eu à connaître au cours de mes travaux émanaient de gens qui ne connaissaient rien au catharisme et qui se contentaient de monter en épingle un fait ou dire dont ils avaient eu connaissance et qu'ils voulaient exposer comme une preuve générale et indiscutable faute de se donner le mal d'approfondir et de chercher. Et cela ne concerne pas forcément des gens sans culture et sans bagage intellectuel. C'est juste la manière d'être d'aujourd'hui.

Merci beaucoup, Chantal, de ce conseil avisé. 

Certains détracteurs ont en fait lu des auteurs de qualité (Brenon, Nelli, Roquebert) et se targuent de ces lectures pour justifier leurs propos. 

Mais ils ne veulent voir que l'aspect "phénomène historique" du catharisme sans saisir, ou sans vouloir saisir - en raison pour certains d'un anticléricalisme voltairien qui devient, parfois malgré eux, anti-religieux - qu'il s'agit d'abord et avant tout d'une religion qui repose donc sur la foi, la croyance, et pas uniquement sur des pratiques et des faits et gestes tels que recensés dans les écrits de l'époque.

De ce fait, la dimension religieuse leur apparaît soit totalement idiote et ridicule (comment peut-on croire en de telles sornettes?), soit indigne d'intérêt, soit illogique (on ne peut plus se dire consolé cathare puisque la chaîne des transmissions a été interrompue, et c'est Roquebert qui l'écrit, mon bon monsieur!)

Je viens de faire hier un test sur ma page Facebook "Peire Cambolongo" en posant deux questions :

1/ Qu'est-ce que la consolation cathare?

2/ Une chaîne apostolique ininterrompue est-elle la condition absolue pour qu'une consolation soit valide?

La disputatio qui s'en est suivie est assez intéressante, avec des gens qui penchent pour le rôle prééminent de l'Esprit et les rationalistes historiques qui soutiennent mordicus le raisonnement de la nécessité d'une chaîne continue.

En tout cas, ceux qui reconnaissent le catharisme  dans sa seule dimension spirituelle (reposant sur la foi et la croyance) se contredisent carrément eux-mêmes s'ils attachent tant d'importance à la chaîne de transmission dans le rituel de la Consolation: si on n'adhère pas à un rituel (aussi rationaliste que l'on puisse être) on ne peut pas honnêtement l'utiliser pour remettre en question le chemin accompli par celui qui en toute clarté et en toute sincérité se consacre à vivre en accord avec la Règle de Justice et de Vérité sans chercher à déranger qui que ce soit. Alors, qu'est-ce qui les dérange, que veulent-ils? Quel humain aurait l'aptitude à juger de la foi d'un autre. Sont-ils nostalgiques des feux du Moyen-Âge?

Non, mais si l'on n'est pas sincèrement impliqué dans une foi religieuse, on ne peut comprendre les documents religieux et les implications des règles évangéliques sur le quotidien.