Père Saint

Je me permets d'installer tout de suite la méditation importante pour tous.
                            Père Saint
Père Saint, Dieu légitime des bons esprits
Qui n'a jamais trompé, ni menti, ni erré, ni hésité,
Par peur à venir trouver la mort dans le monde du dieu étranger
(car nous ne sommes pas du monde et le monde n'est pas de nous)
Donne-nous de connaître ce que tu connais
et d'aimer ce que tu aimes.

Essentielle pour tous les croyants.

Cette prière, touchante par sa naïveté anthropomorphe, semble ignorer le message du Christ qui a répondu d'une certaine manière au "Donne-nous de connaître ce que tu connais et d'aimer ce que tu aimes." notamment dans l'évangile de Thomas.
Mais j'aime beaucoup le suite :
"Pharisiens séducteurs, qui êtes à la porte du royaume, vous empêchez ceux qui voudraient entrer, alors que vous autres vous ne voulez pas, c'est pour cela que je prie le Père Saint des bons esprits qui a le pouvoir de sauver les âmes, qui pour le bons esprits fait grener et fleurir, qui à cause des bons donne la vie aux méchants et le fera aussi longtemps qu'il se trouvera des bons au monde, jusqu'à ce qu'il ne s'y trouve aucun de se petits, ceux qui sont du septième royaume, descendus du paradis quand Lucifer les en a tirés sous le prétexte trompeur que Dieu ne leur a permis que le bien et que le Diable parce qu'il était très faux, leur permettait le bien et le mal et dit qu'il leur donnerait des femmes qu'ils aimeraient beaucoup, qu'il leur donnerait le commandement des uns sur les autres et qu'il y en aurait qui seraient rois, comtes ou empereurs et qu'avec un oiseau ils pourraient en prendre un autre et avec une bête une autre bête...
...Tous ceux qui lui seraient soumis, descendraient en bas et auraient le pouvoir d'y faire le mal et le bien comme Dieu en haut et qu'il leur valait beaucoup mieux être en bas où ils pourraient faire le mal et le bien plutôt qu'en haut où Dieu ne leur permettait que le bien. Ainsi ils montèrent sur un ciel de verre et autant s'y élevèrent, autant tombèrent et périrent...
Et Dieu descendit du ciel avec douze apôtres et il s'adombra en Sainte Marie."
Cette deuxième partie de prière est un condensé de la cosmogonie cathare. Jean-Paul

C'est surtout l'anathème des juifs chrétiens de Jacques, dit frère de Jésus, aux pharisiens qui les avaient exclu après la chute du temple de Jérusalem.

cette deuxième parie ne peut donc pas être considérée comme un condensé de la cosmogonie cathare.

Effectivement. Cependant il y a des points communs comme le fait que les juifs (mais aussi les judéo-chrétiens et les musulmans) adorent le diable en croyant sincèrement et honnêtement adorer Dieu.

Décidément, je crains que vous ne regardiez le doigt quand il vous désigne la lune. Une fois prononcée l'anathème sur les pharisiens, cette prière nous propose une belle description de comment le diable a séduit les bons esprits et de pourquoi ce monde est mauvais. Il s'agit bien d'une prière cathare. Jean-Paul.

Cette description n'a rien de spécifique au catharisme. On trouve la même chose chez les catholiques. Cette vision de la séduction diabolique et de la chute des esprits est commune aux deux cosmogonies. En outre, cela n'a pas sa place dans une prière censée s'adresser à notre part spirituelle. En effet, soit l'esprit saint qui est en nous s'est laissé séduire et il n'a pas besoin d'en être informé, soit il est victime d'un rapt et cela ne lui correspond pas. Ce passage vient plutôt renforcer l'anathème en faisant des juifs des suppôts de Satan.

D'ailleurs, les nazis se sont à tort intéressés au catharisme parce qu'il constituait une religion chrétienne "dé-judaïsée". Jean-Paul

Bonsoir à tous,
j'ai maintenant fait mienne cette magnifique prière et je la récite quotidiennement pour m'en imprégner.
Et il se trouve que, cher Guilhem, Bon Chrétien, j'aurais une question à te poser sur le deuxième vers :
"... qui n'a jamais trompé, ni menti, ni erré, ni hésité".
J'imagine que ces quatre participes passés, que le principe du Bien ne peut bien évidemment pas se voir attribuer, qualifient par effet miroir le diviseur.
Autant je saisis bien en quoi Satan est un trompeur et un menteur, autant je ne vois pas en quoi ou comment il aurait erré et hésité.
A moins qu'il ne s'agisse pas du diable et, dans ce cas, de qui ou quoi est-il question?
Pourrais-tu nous éclairer sur ces deux participes (erré et hésité)?
Merci par avance et bonne soirée

On peut, comme pour toutes les prières, y voir aussi notre affirmation de la voie que nous voulons suivre.
Dans cette lecture ce vers montre ce que nous devons abandonner pour cheminer.
Le Père saint est parfait dans le Bien, donc il n'a jamais été concerné par ces défauts qui sont humains.
Si tu préfère y voir les défauts du diable, on peut envisager de considérer que sa création est l'image d'un comportement erratique.

Merci beaucoup de cet éclairage

"Qui n'a jamais trompé, ni menti, ni erré, ni hésité" représente pour moi la perfection et l'éternité dans le principe du Bien, et en même temps le chemin que l'on doit suivre pour tenter notre salut. Ce sont les deux derniers termes; ni errance, ni hésitation qui montrent le mieux, il me semble, l'omniscience de l'Être Unique comparé à l'humain et à ses faiblesses et qui nous font entrevoir les difficultés que nous devons combattre pour tenter d'approcher de sa lumière.

Merci beaucoup, Chantal, de ton point de vue qui complète harmonieusement la réponse de Guilhem.
Bonne journée à vous!

Je pense aussi que ces participes passés font partie du passé composé, temps de l'inachevé, donc du perpétuel, ce qui correspond parfaitement au principe du Bien, ou Père Saint. Lui seul est capable d'une telle perfection, le "jamais" dans le Mal, le "toujours" dans le Bien.

Et n'oubliez pas que ces prières, y compris le Pater, sont comme les mantras des outils pour permettre de se dissocier temporairement du monde. Le texte est pour les chrétiens un pense-bête de ce que nous espérons et que nous voiulons atteindre.

La récitation du Père Saint au lever, en cours de journée et juste avant de m'endormir, est devenue un rituel quotidien qui, telle la goutte d'eau qui frappe régulièrement la pierre au même endroit et finit par la traverser, m'encourage à progressivement et résolument aligner mes actions quotidiennes et mon comportement dans le sens des préceptes enseignés dans la règle de justice et de vérité.

Je progresse pas à pas dans les paroles que je prononce (j'essaie d'éviter de juger les gens et je jure un peu moins) et aussi sur le plan alimentaire, ce qui est un effort important pour l'Homo Carnivorus que j'étais jusqu'à il y a peu. Et je renoue avec des textes cathares grâce au site de catharisme d'aujourd'hui.

Le chemin sera long et ardu, mais il en vaut la peine.

Benedicite, Seigneur Dieu, Père des bons esprits, aide-nous dans tout ce que nous voudrons faire.

Il faut se rappeler que la progression doit être lente, car l'impatience et la précipitation mènent à la chute.
Si le point alimentaire pose problème, remets)le à plus tard et fais ce qui t'es plus abordable.

Je te remercie de tes conseils ainsi que de ta bienveillance, cher Guilhem.

Je mesure l'importance de la patience (mes actuelles activités en demandent beaucoup et l'exemple de ton noviciat est un bon guide en la matière) et, même si mon message reflète de l'enthousiasme, ma pratique est en réalité tempérée par mon caractère porté à la pondération et à la recherche d'équilibre et d'harmonie.

Le point alimentaire ne me pose pas vraiment de problème car, outre le fait que je n'ai jamais été un gourmet ou un gourmand ni un gros mangeur, je suis loin d'avoir radicalement changé mon régime, même s'il est vrai que manger moins de viande m'a demandé de la volonté au départ.

Je suis un adepte de la discipline librement consentie et de l'effort progressif et c'est ainsi que je compte évoluer tout en ne m'infligeant pas de mal. Et la récitation du Père Saint sera ma boussole.

J'aimerais me consacrer à une recherche personnelle sur le Père Saint qui consisterait à trouver dans l'évangile selon Saint Jean, dans ses épîtres et dans les épîtres de Saint Paul les sources qui auraient pu inspirer les rédacteurs du Père Saint. Cette idée m'est venu en lisant l'épître de Saint Paul à Tite où au 1-2 on trouve l'expression "le Dieu qui ne ment pas". Peut-être que cela a déjà été fait bien mieux que je ne pourrais le faire mais je suis très attiré par cette recherche. Qu'en pensez-vous? Jean-Paul

Personnellement, je trouve le sujet très intéressant et de plus les auteurs que vous désirez étudier sont des "mines" inépuisables de connaissances; il y a vraiment matière à cogiter me semble-t-il. . .

La glose du Pater permet de comprendre les ressorts de la doctrine judéo-chrétienne, ce qui m'a conduit à l'adapter au catharisme.

Guilhem, je ne comprends pas pourquoi vous évoquez la glose du Pater. La prière sur laquelle je souhaite me pencher est la Père Saint. Jean-Paul

Effectivement, je me suis trompé. Il est d'autant plus intéressant que tu t'y attèle que je ne connais aucune glose de ce texte.

" Donne-nous de connaitre ce que tu connais et d'aimer ce que tu aimes".
Cette requête est originale comparée à la plupart des autres connues dans la religion judéo-chrétienne. Ici le croyant ne demande pas la protection, l'aide ou encore la clémence à son Dieu. Il lui demande de pouvoir accéder à la Connaissance, à la Vérité (au "Verbe"?), et à l'Amour universel. C'est, me semble t-il une supplique typiquement cathare; le croyant demande à son Dieu de lui donner la possibilité de le rejoindre dans le Bien. C'est une très belle supplique.