Le conte du Pou

N'hésitez pas à venir donner ici votre interprétation de ce conte authentiquement cathare.

Wahoo! Le conte du Pou, ici dans cette version light et incomplète, est un conte de chez moi, de tout près d'où je suis né, Fleurance, dans le Gers.
Il est à l'origine, raconté en gascon, un dérivé de l'occitan et du catalan, ce qui le change quelque peu dans sa destination.

Te serait-il possible, José de mettre en ligne (ou préciser tes références) ta version de ce conte pour nous aider à l'étudier. Il me paraît bien singulier et ressemble peu aux contes classiques et archi-connus. . .

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Conte Le pou, de la page 116 à 126

Je suis sur une piste. << Il y a deux églises : l'une fuit et pardonne ; l'autre possède et écorche.>>
Le nom de notre coquin, noir comme les ténèbres est des plus évocateurs avec ma piste: Cagolouidors
Son refuge, la cathédrale d'Auch et ses alentours viennent confirmer son appartenance.
Quand à Jean du Ramier, il a toute l'allure d'un Bonhomme avec son bâton, sa besace, sa barbe, sa pauvreté, son humilité et ses connaissances; une église ni de pierre, ni de bois, ni de rien qui soit fait de main d'homme.

Merci, José: je ne connais quasiment aucun de ces contes. Et les contes sont toujours de véritables "pépites" comme dit Guilhem. Il n'y a plus qu'à se mettre au travail.

Comme dans tout conte digne de ce nom, le Bien et le Mal sont tout de suite identifiables:
Jean du Ramier, "le pauvre à grande barbe blanche "a effectivement l'allure du Bonhomme "cheminant",
"l'homme haut d'une toise et noir comme l'âtre, au nom évocateur "Cagolouidors" est quasiment une carricature grotesque du diable: "Un gueux plus méchant que cent diables et qui a grand pouvoir sur terre". Les personnages principaux sont clairement définis de manière très "pédagogique".
En donnant la charité au vieil homme, la demoiselle verra sa bonté récompensée, comme dans de nombreux contes ( cf "Les fées" pour n'en citer qu'un).
"Cagolouidors" est un nom bien trouvé pour définir la corruption du personnage, et son intrusion dans le moulin en passant par la cheminée peut être un clin d'oeil au grand méchant loup des "trois petits cochons". Quand au sort jeté, il confirme bien le pouvoir de l'individu, mauvaise fée ou sorcier malfaisant.
Le personnage du jeune homme, victime d'un sortilège nous rappelle aussi de nombreux autres, et notamment encore "la Bête". Mais on peut aussi y trouver des références cathares évidentes:
Cette victime n'est, en effet, pas seulement victime: grâce à sa petite taille et son intelligence elle va combattre le Mal: "Ainsi caché, il écoutait et regardait sans être vu." Le pou a une dimension encore bien plus grande, me semble-t-il: lorsqu'il s'installe dans la bouche de la demoiselle pour répondre à sa place, on peut se rappeler le "mythe de la tête d'âne".
L'Esprit entre et sort pour passer de la bouche du dormeur au crâne décharné de l'âne: la créature divine peut être prisonnière de la création maléfique tout en conservant la faculté de la quitter pour s'en retourner au sein de la création divine. Ici, le pou a bien ce pouvoir et on peut dire que grâce à son esprit éveillé, ainsi que grâce à l'aide de l'Esprit Paraclet en la personne de Jean du Ramier , le jeune homme parvient à s'échapper de sa prison ( le corps du pou) et à confondre son ennemi en le maîtrisant ( il le ligote avec le troisième cheveu transformé en câble). Enfin, le diable confondu est de plus ridiculisé dans la scène des coups de bâtons (on ne peut s'empêcher de le visualiser à la manière de Molière). C'est cocasse et réjouissant!
Quat à Jean du Ramier, jusqu'au bout, il garde sa sagesse, son "mystère" et notre respect. "Adieu mes amis. Vivez riches, heureux, et contents. Moi, je pars. J'ai des affaires ailleurs." Un bémol néanmoins, ce dernier conseil ".. .Vivez riches.. . " qui n'est pas du tout cathare. . .

Analyse très intéressante. Pour la richesse, gardons l'espoir que la richesse soit celle de l'expérience.

Nous sommes en plein dans le dualisme cathare et la notion de libre arbitre inexistante. (Jean de Lugio)
La petite meunière est restée sage et pure jusqu'à ses 18 ans. Commence aujourd'hui, pour elle une autre vie qui aurait pu mal se finir sans l'intervention de notre Bonhomme, Jean du Ramier venu rappeler, je trouve chichement, à nos deux amis, quel allait devoir être leur chemin en ce monde.

Je partage ce que vous avez écrit les uns et les autres et surtout sur l'opposition des deux églises. Je rajouterais que les connaissances libèrent : le pou qui acquiert la connaissance des cachettes des cheveux se libère grâce à cette connaissance. Le troisième cheveu illustre la lutte contre le mensonge si le cheveu reste dans la poche de Cagolouisdors, ce dernier peut mentir car cette cachette est invérifiable par les autres protagonistes et ainsi maintenir le mauvais sort. En changeant de cachette le pou évite cela car la nouvelle cachette sera obligatoirement vérifiée y compris par Cagolouisdors qui ne pourra plus mentir. Jean-Paul

La version longue du conte nous donne plus d'indications sur les cachettes choisies par Cagolouisdors. Le puits profond a une symbolique importante dans le conte populaire. En Périgord, les anciens déconseillaient aux enfants de s'approcher des puits car au fond habitait une méchante Bérane (vieille femme malfaisante) qui pouvait surgir d'un coup et les noyer.
D'un point de vue cathare, comme l'avait déjà souligné Guilhem pour le conte du serpent, le puits peut représenter le trou que ce dernier fit dans l'Empyrée céleste pour subtiliser les Bons esprits.
C'est pour Cagolouisdors la cachette idéale.
Quand au battant de la cloche du grand bourdon, je cales. . .