Documentaire britannique de 1987 sur les Cathares

Bonjour à toutes et tous,

Voici ci-dessous un lien sur You Tube vers un documentaire britannique en langue anglaise, produit par "Border Television" et diffusé en 1987 sur la chaîne de télévision "Channel 4".

Ce documentaire est intitulé "Gnostics 2/4 - Cathars and Bogomils, the true Christians". Il fait partie d'une série de quatre documentaires consacrés à la Gnose.

L'on y voit apparaître deux acteurs jouant respectivement les personnages de Guilhabert de Castres et Dominique de Guzman, ainsi que Michel Roquebert et Anne Brenon.

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Bon visionnage!

Pour les non-anglophones, serait-il possible de nous faire un court résumé en français? Merci.

Je m'y attelle dès que possible. Bonne soirée!

Bonjour à toutes et tous,

Comme demandé par Guilhem, voici un résumé du documentaire britannique de 1987 sur les Cathares intitulé "Gnostics 2/4 - Cathars and Bogomils, the true Christians".

Le documentaire dure 52 minutes et est articulé en deux parties.

La première partie porte sur l'apparition de la religion Cathare dans le Sud-Ouest, sur sa relation avec les seigneurs locaux, dont la tolérance est maintes fois soulignée, ainsi que sur sa cosmogonie et sa pratique.

Paradoxalement, cette présentation du Catharisme se déroule à Villerouge-Termenès, à l'occasion des festivités annuelles commémorant l'exécution par les flammes de Guilhem Bélibaste, dernier Bon Chrétien officiellement connu, en 1321.

L'archiviste-paléographe Anne Brenon, qui préside à l'époque le Centre d'Etudes Cathares, les historiens Michel Roquebert et Robert Moore, de l'Université de Sheffield, y présentent leur vision de la religion cathare à partir de l'étude des sources à leur disposition.

Selon le narrateur du documentaire (voix off), le catharisme se présente comme un christianisme médiéval d'inspiration gnostique, dont la cosmogonie est dualiste absolue : il existe une création bonne et une création mauvaise, et donc un créateur bon et un créateur mauvais. On ne peut assurer son salut que par l'éveil via la connaissance.  Il s'agit d'une voie intérieure individuelle vers le salut, qui s'appuie sur une interprétation symbolique des textes chrétiens. Les Cathares ne reconnaissent que les évangiles et le "Notre Père" et leur seule cérémonie est le consolamentum, baptême par imposition des mains. Ils permettent l'ordination des femmes.

Anne Brenon précise que, pour les Cathares, le monde visible est une création du diable et Dieu est étranger à ce monde. Le Cathare doit donc être indifférent au monde, à la matière, à la chair et même à la beauté du monde.

Le narrateur indique que la religion cathare a été apportée dans le Sud-Ouest depuis l'Europe du Nord et de l'Est.

Robert Moore ajoute que, pour un Cathare, la seule façon pour un homme de mener une vie bonne est de se retirer du monde et de se concentrer sur le fait de traverser cette vie dans le royaume du mal en se laissant contaminer le moins possible, dans l'espoir qu'après la mort il aurait la possibilité de retourner dans le monde pur de l'Esprit dont les Cathares croyaient qu'ils étaient originaires.

Anne Brenon fait aussi la distinction claire entre les consolés, qui se faisaient appeler "bons hommes", "bonnes femmes", ""bon chrétiens", "amis de Dieu", et les croyants, qui sont résolus à recevoir la consolation. Une fois consolé et divorcé de la matière le Bon Chrétien ne mange plus de viande, n'a plus de relations sexuelles, s'abstient de toute forme de violence, ne possède plus d'argent et ne travaille plus pour de l'argent. Cette vie étant sévère et austère, beaucoup de Cathares se faisaient consoler au dernier moment possible, afin de ne pas sombrer dans le péché une fois consolés.

La voix off indique ensuite que les Cathares ont du succès et deviennent une menace pour l'Eglise catholique car ils offrent un service spirituel de grande qualité contre des exigences matérielles minimales.

La première partie se conclut par une évocation de Guilhabert de Castres par Anne Brenon, dont les 20 années de ministère correspondent à la bascule de l'Eglise catholique vers un recours à la persécution violente de l'hérésie.

Robert Moore ajoute qu'il n'existe pas de preuve de conflit entre catholiques et cathares d'Occitanie jusqu'à ce que ce conflit soit apporté de l'extérieur par des prédicateurs dominicains pour lesquels les Cathares sont des hérétiques qui croient que le monde n'a pas été créé par Dieu, que le salut est entre les mains de chaque individu, que la souffrance est inhérente au monde et n'a rien à voir avec le péché originel, que la procréation est mauvaise et que l'Eglise catholique inflige des pénitences et des douleurs non-nécessaires aux hommes et aux femmes.

Le résumé de la deuxième partie du documentaire fera l'objet d'un prochain message. Bonne journée!

Merci de ce travail.
Les intervenants de qualité rendent une vision assez correcte du catharisme. Le terme gnostique, largement galvaudé, ne me semble pas plus justifié pour les cathares que pour d'autres chrétiens. En effet, la gnose est ce que l'on en comprend. Irénée de Lyon était lui-même persuadé que le catholicisime était seul détenteur de la vraie gnose.

Oui, merci à toi Pierre! Je ne parvenais pas à suivre en anglais...

Bonjour à toutes et tous et bon dimanche!

Voici le résumé de la deuxième partie du documentaire britannique de 1987 sur les Cathares intitulé "Gnostics 2/4 - Cathars and Bogomils, the true Christians".

Un dialogue fictif se déroulant en 1206 entre Dominique de Guzman et Guilhabert de Castres dans un pré puis à Fanjeaux, occupe les 15 premières minutes de la deuxième partie.

Les deux acteurs s'y livrent à une "disputatio" autour de la cosmogonie, des pratiques rituelles et des modes de vie des catholiques et des cathares.

Guilhabert accueille gentiment Dominique et ce dernier se montre rapidement insidieusement menaçant : "Vous avez régulièrement rejeté la main tendue de Dieu", "Le glaive de Dieu est à double tranchant et il est aiguisé".

Dominique lui indique que Dieu peut avoir pitié des hérétiques, s'ils se repentent de leur pêchés et affirment leur foi en Jésus-Christ. Il ajoute que les pénitences infligées aux hérétiques qui se repentent, même si elles sont extrêmement sévères, les sauvent de la damnation éternelle. Il énonce ensuite la croyance centrale des catholiques dans le Salut de l'humanité grâce à la Passion de Jésus sur la croix suivie de sa résurrection. Dieu aimait tant sa création qu'il a accepté le sacrifice de son fils unique pour la rémission des péchés.

Ce dialogue fictif bien construit permet à Guilhabert de Castres d'exposer la vision cathare de la croix, honteux instrument de torture qui est l'œuvre de Satan, à l'image de l'Eglise catholique qui torture les âmes en enseignant que Dieu est cause de souffrance.

Guilhabert déclare :"Voudriez-vous que nous croyions que c'est la volonté du père de l'Amour, que c'est un acte de bonté de la part du Saint Esprit que de torturer et de briser son propre fils? La souffrance est l'œuvre du démiurge imposteur, du Rex Mundi, du seigneur de ce monde, dont l'apôtre Paul dit qu'il est celui qui aveugle le cœur des hommes."

S'ensuivent des critiques de Dominique sur la condamnation de la procréation par les Cathares, sur leur non-reconnaissance du mariage comme sacrement religieux, sur la tolérance des Bons Chrétiens à l'égard des Croyants qui pratiquent l'union libre tant qu'ils n'ont pas d'enfant, et sur leur refus de manger de la viande, auxquelles Guilhabert oppose une critique des mœurs et agissements du clergé catholique, dont l'hypocrisie suscite l'écœurement.

Guilhabert prononce les paroles suivantes : "Le monde n'est pas le lieu de résidence de l'âme qui est divine. Le seul espoir pour l'âme prise dans un corps humain est d'être éveillée et libérée". "Les hommes en tant qu'hommes sont fils de Satan mais l'âme de l'homme est de Dieu et se languit de lui".

Le personnage de Guilhabert livre aussi la vision cathare de l'Eucharistie, en disant que Jésus serait dégoûté et déçu de voir que ses adaptes affirment  qu'ils croient que l'hostie est son corps et qu'ils rompent sa chair comme le firent ses ennemis.

Après que Dominique a indiqué à Guilhabert que l'échec de sa prédication va entraîner une croisade dont l'église cathare ne se relèvera pas, la "disputatio" s'achève.

Le reste du documentaire est d'ordre historique et se concentre sur deux épisodes tragiques de la croisade contre les Albigeois: le siège de Minerve en juillet 1210 et celui de Montségur en 1244, au cours duquel 20 croyants demandent à recevoir la consolation juste avant la reddition en étant pleinement conscient du sort mondain qui les attend.

Robert Moore conclut le documentaire en disant des Bons Chrétiens que l'exemple vivant de leur austérité, du mépris de leur existence terrestre, de leur pauvreté et de leur austérité a offert un modèle de sainteté et d'encadrement religieux qui s'est posé comme une alternative extrêmement attractive et puissante en comparaison de celle offerte par l'Eglise catholique.

Bonne fin de journée!

Pierre de Montech a écrit:

Guilhabert prononce les paroles suivantes : "Le monde n'est pas le lieu de résidence de l'âme qui est divine. Le seul espoir pour l'âme prise dans un corps humain est d'être éveillée et libérée". "Les hommes en tant qu'hommes sont fils de Satan mais l'âme de l'homme est de Dieu et se languit de lui".

C'est bien la première fois que je lis cela venant d'un évêque cathare, bien que mon grand père m'ait enseigné quelque chose de similaire...
Le Tout, pour moi, est là, résumé en quelques mots. La Vérité assénée en pleine face. Merci Pierre de Montech pour cette traduction.

Mais pour être plus précis il me semble, nous ne devons pas oublier que Guilhabert parle de notre "âme spirituelle" ( ou de notre esprit), elle seule est de Dieu, car notre âme mondaine, elle est bien de ce monde. . .

Merci beaucoup de vos commentaires chers amis.

Comme tu le soulignes, Chantal, les intervenants dans le documentaire, à l'image des propos prononcés par l'acteur jouant Guilhabert de Castres - sous réserve d'une absolue conformité de ma traduction eu égard aux paroles prononcées en anglais - confondent souvent les termes âme et esprit, à ce qu'il me semble.

Ceci dit, je trouve qu'il s'agit d'un documentaire grand public sur les Cathares de grande qualité, surtout lorsque je les compare avec les productions en langue française auxquelles j'ai eu accès jusqu'à présent.

Vidal a écrit:

Pierre de Montech a écrit:

Guilhabert prononce les paroles suivantes : "Le monde n'est pas le lieu de résidence de l'âme qui est divine. Le seul espoir pour l'âme prise dans un corps humain est d'être éveillée et libérée". "Les hommes en tant qu'hommes sont fils de Satan mais l'âme de l'homme est de Dieu et se languit de lui".

C'est bien la première fois que je lis cela venant d'un évêque cathare, bien que mon grand père m'ait enseigné quelque chose de similaire...
Le Tout, pour moi, est là, résumé en quelques mots. La Vérité assénée en pleine face. Merci Pierre de Montech pour cette traduction.

Pourtant, c'est bien dans la droite ligne de la doctrine cathare.
Maintenant les écrits d'évêques cathares sont rares et les parcelles qui sont parvenues jusqu'à nous ne traitent pas forcément de ce sujet.

Chantal a écrit:

Mais pour être plus précis il me semble, nous ne devons pas oublier  que Guilhabert parle de notre "âme spirituelle" ( ou de notre esprit), elle seule est de Dieu, car notre âme mondaine, elle est bien de ce monde. . .

J'ai, pour compléter la remarque de Chantal, avec le logion 112 de l'évangile selon Thomas, ce verset; Jésus a dit : Malheur à la chair qui dépend de l’âme, malheur à l’âme qui dépend de la chair.