Messages : 1004 Date d'inscription : 05/11/2021 Age : 69 Localisation : Bayac Dordogne
Sujet: L'endura, vue par Anne Brenon Sam 18 Nov - 16:47
C'est encore dans le livre d'Anne « Le dernier des cathares Pèire Autier» que j'ai trouvé ce témoignage d'une endura. Il me semble qu'ici, Anne nous donne une définition quelque peu trop personnelle de cette pratique. Voici son texte (p206-207) :
Citation :
Durant le carême de 1302 probablement trois hommes de Limoux arrivent à Larnat, chez les Issaura; le plus vieux d'entre eux, Guilhem Sabatier père, est malade[…] Dans la maison Issaura, le mourant est consolé par un des Bons Hommes Autier, […] (ensuite) il est transporté hors de la maison, dans une borde où l'on range le foin, et là il survit encore durant plus d'un mois - sept semaines, selon Raimond Issaura, qui emploie à ce propos un terme qu'on aura fréquemment l'occasion de retrouver: en endura . Malgré la légende noire qui l'accompagne, du fait d'interprétations à la fois fantaisistes et malveillantes, ce mot, qui signifie proprement «durée», «délai», ne désigne probablement rien d'autre, au départ, que l'observance, par les mourants consolés, jusqu'à l'instant de leur mort, du propos de vie des religieux cathares dont ils viennent d'embrasser l'état. De la même manière qu'il importait que Guillelme Cathala, avant de mourir, ne rompe pas son vœu de chasteté par le contact direct de la main d'un homme, Guilhem Sabatier, comme tout consolé - et comme tout Bon Homme - ne peut plus mentir, jurer ni transgresser les abstinences alimentaires de son ordre, sans retomber dans le péché, compromettant ainsi la validité de la pénitence libératrice reçue du consolament , c'est-à-dire le salut de son âme. Durant les sept semaines de sa fin de vie, le vieil homme, qui ne mange plus de viande et doit réciter les prières rituelles comme un Bon Homme, reçoit soins et visites. Il est probable que le Bon Homme qui l'a consolé - Pèire ou Guilhem Autier - l'assiste jusqu'au bout, comme il est de règle - ne serait-ce que pour respecter le vœu de vie communautaire des religieux cathares.
Anne a-t-elle voulu adoucir l'image de l'endura , souvent perçue en effet de façon malveillante par les regards extérieurs, ou bien s'agit-il ici d'une endura "transformée" de la fin du catharisme médiéval alors soumis à un relâchement des doctrines par manque d'enseignement et de ministres ? Cette dernière hypothèse me paraît portant peu probable, étant donnée la fine érudition des frères Autier en catharisme. Quoiqu'il en soit, je conseille vivement à ceux qui n'ont pas lu ce livre de se le procurer. On parcourt le pays dans les pas de Pèire Autier comme on suivrait les images d'un biopic. Anne a le don de mettre en lumière la pureté de ces personnages.