Jésus dans le désert

Que nous disent les évangiles sur ce sujet ?
Matthieu, chap. 4 : v. 8 Le diable montre à Jésus tous les règnes du monde et leur gloire. v. 9 Je te donnerai tout cela si tu tombes prosterné devant moi. v. 10 Alors Jésus lui dit : Va-t-en, Satan, car il est écrit : tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu et le serviras seul.
Marc, chap. 1 : v. 12 Et aussitôt l'Esprit le pousse au désert. v. 13 Et dans le désert, il fut mis à l'épreuve du Satan pendant quarante jours ; et il était parmi les bêtes, et les anges étaient à son service.
Luc, chap. 4 : v. 1 Jésus, plein de l'Esprit saint, s'en retourna du Jourdain et, mené par l'Esprit à travers le désert, v. 2 il y fut mis à l'épreuve du diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien pendant ces jours-là et, quand ce fut fini, il eut faim. v. 5 Le diable l'emmena, lui montra en un instant tous les règnes du monde v. 6 et lui dit : Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces règnes, car elle m'a été livrée et je la donne à qui je veux ;
Jean ne parle pas de cet épisode, mail donne une indication intéressante dans le chap. 6 v. 35 Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim, qui se fie à moi n'aura jamais soif.

Comment pouvons-nous interpréter cela ?

Nous avons bien là, selon l'analyse cathare la démonstration que le monde ne relève pas de l'action divine. En effet, dans les paroles du  diable: «Je te donnerai tout ce pouvoir avec la gloire de ces royaumes, parce que c'est à moi qu'il a été remis et que je le donne à qui je veux», les premiers cathares reconnurent tout de suite le créateur possesseur du monde matériel et logiquement décidèrent de s'en distancier. Le monde étant d'origine maligne, nous ne pouvons pas logiquement être  du monde (de même que le monde ne peut être de nous) et nous penser en même temps consubstantiel à Dieu, principe du Bien. En effet, le principe de non-contradiction, toujours selon Aristote et qui sera savamment repris par Jean de Lugio dans « Le livre des deux principes» rend impossible qu'une seule chose soit et tout à la fois ne soit pas.

Jean parle du pain du ciel. Pour les cathares, il s'agit bien sûr du pain spirituel. Nous touchons ici au fondement même de la pensée cathare. Jean développe brillamment ce concept du message divin, de son importance à le saisir: - J. 6,27 «Il faut vous mettre à l'œuvre pour obtenir non pas cette nourriture périssable [les pains multipliés de la veille], mais la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que le Fils de l'homme vous donnera, car c'est lui que le Père qui est Dieu, a marqué de son sceau». 
J. 6-29: «L'œuvre de Dieu c'est de croire en celui qu'il a envoyé». Et encore J.6,31-35 : «…Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c'est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel. Car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde». Ils lui dirent alors: «Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là!». Jésus leur dit: « C'est moi qui suis le pain de vie; celui qui vient à moi n'aura pas faim; celui qui croit en moi jamais n'aura soif». C'est clair, Jésus dénie tout pouvoir réel aux actes même quand il s'agit des signes qu'on lui attribue. Seul importe le message, et Jésus est plus message que messager. Cela aussi, il le dit clairement lui-même.
Et, parce que, seul compte le message, les cathares à l'instar de Jésus, se défiant des actes ( miracle de la multiplication des pains par exemple) dénient la transsubstantiation, dogme central de la foi catholique. Le partage du pain est souvenir du dernier repas partagé.

Merci pour la leçon, très bon sujet, les questions ne se sont pas posées, très bonne explication.d'accord de tout cœur