Chantal
Messages : 1188 Date d'inscription : 05/11/2021 Age : 69 Localisation : Bayac Dordogne
| Sujet: Pèire Autier ou Pèire l'Ancien: un prédicateur proche de ses croyants. Lun 27 Nov - 14:43 | |
| On ne peut se rendre compte aujourd'hui ce que pouvait être la prédication religieuse pour la population du Moyen-Âge, sachant peu ou pas du tout lire et n'ayant un contact avec leur religion que par l'intermédiaire d'une langue inconnue. En cela, les cathares eurent alors une attitude que l'on peut considérer, a posteriori , comme révolutionnaire et l'on peut comprendre aisément que leurs prédications purent attirer spontanément de nombreux curieux . En effet, non seulement ils s'adressaient à leur auditoire dans la langue vernaculaire (l'occitan), mais de plus ils ne prêchaient pas du haut d'une chaire et savaient adapter leurs arguments selon la "formation intellectuelle" de leurs divers croyants comme on peut le vérifier à diverses reprises avec l'Ancien. On peut lire dans le témoignage du notaire Pèire de Gailhac, écrit directement de sa main à l'intention de l'inquisiteur et daté de 1308 ( Pèire de Gailhac devant G. d'Ablis. Trad. A. Brenon dans Nelli, Écritures cathares). P. Gailhac parle de Pèire et Jaume Autier: - Citation :
- Ils disaient aussi que le pain posé sur l'autel et béni des paroles mêmes dont le Christ le bénit au jour de la Cène avec ses apôtres n'est pas le vrai corps du Christ, et qu'il est au contraire malhonnête et illusoire de dire cela, car ce pain est pain de corruption, produit et né de corruption. Mais le pain dont le Christ a dit dans l'Évangile: «Prenez et mangez, etc.» (Matt 26,26) est le Verbe de Dieu…, l'assimilant à ce que dit l'évangile de Saint-Jean: «Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu» (Jean. 1,1) car ils en concluaient que les Paroles de Dieu sont ce pain dont il est parlé dans l'évangile et qu'en conséquence cette Parole est le corps du Christ…
Quant à Sibille Peyre d'Arques qui dépose en 1322 devant J. Fournier, elle nous livre, quant à ce même sujet de l'eucharistie, ses souvenirs: - Citation :
- Il (Pèire l'Ancien) disait aussi que dans le sacrement de l'autel il n'y avait que du pain et du vin, même après la consécration, comme avant, et il ajoutait par dérision que si ,dans ce sacrement était le corps du Christ, et s'il était aussi grand que le mont Bugarach, il y a tant de curés qu'ils l'auraient déjà tout mangé, et il ne leur suffirait pas».
(Le Mont de Bugarach est situé dans les Corbières). Sa profonde connaissance des Écritures alliée à une fine intelligence critique permettait à L'Ancien de pratiquer des exégèses solidement argumentées à l'encontre des différents concepts et rites de l'Église catholique. Anne cite encore l' argumentation suivante qui, pour elle «respire déjà l'esprit de la future Réforme». Pèire de Gailhac: - Citation :
- La croix des croisades d'outre- mer, considérée comme indulgence papale, n'avaient pour eux ( Père et Jaume Autier) aucune valeur, et les péchés ne pouvaient en être remis. Car les paroles du Christ (Matt.16,24; Mc. 8,24; Lc.9,23) «Celui qui veut venir à ma suite, qu'il renonce à lui-même, prenne sa croix et me suive» ne désignent en aucune façon la croix portée par les croisés qui n'est qu'un objet de corruption mais c'est la croix des bonnes œuvres et de l'observance de la Parole de Dieu qui est la croix du Christ».
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