L'allégorie de la caverne

L'allégorie de la caverne. (résumé wikipédia)

Des hommes sont enchaînés dans une « demeure souterraine », en forme de caverne. Ils le sont depuis leur naissance, de telle sorte qu'ils n'ont jamais vu directement la source de la lumière du jour, c'est-à-dire le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ; ils n'en connaissent que le faible [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Ainsi, des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. Ces personnes ont l'air différentes de nous, et pourtant, observe [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], l'interlocuteur de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] « ils nous ressemblent »

Que se passe-t-il si l'un d'eux est libéré de ses chaînes, et accompagné de force vers la sortie ? D'abord, il sera cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter, ce qui le fera souffrir. Il résistera et ne parviendra pas à [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ce que l'on veut lui montrer. Alors, « ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure » ? S'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir « le monde supérieur », ce que Platon désigne comme « les merveilles du monde intelligible ».
L'homme peut alors prendre conscience de sa condition antérieure. Il doit se faire violence, et retourner dans la caverne, auprès de ses semblables, pour leur apporter sa connaissance de ce qu'il y a dans le monde supérieur. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire.
Analyse philosophique
Quelle valeur peut-on accorder à ce que nous percevons par nos sens?
Nos sens nous permettent seulement d'appréhender l'apparence des choses , mais non la chose en soi. Il ne faut dond pas prendre pour vrai les informations données par non sens.
La deuxième difficulté pour l'être humain est de changer ses conceptions des choses, ses idées reçues, ses préjugés formés par l'habitude qui obcurcissent sa vision, car il est "naturellement" réfractaire au changement. Or , le changement est impératif pour passer de l'opinion (formée par les sens et les préjugés) appelée doxa au savoir ou épistémè.
Le concept de Bien absolu
Le monde inférieur, la caverne, est opposé au monde supérieur, le domaine du Bien absolu, difficile d'accès car « la montée de l'âme dans le monde intelligible » doit être une progression prudente pour une ascension courageuse. On est bien proche, là de notre chemin cathare.
Socrate conclut ainsi:
«Il nous faut donc, si tout cela est vrai, en conclure ceci ; l'éducation n'est point ce que certains proclament qu'elle est ; car ils prétendent l'introduire dans l'âme, où elle n'est point, comme on donnerait la vue à des yeux aveugles[. . . ]. Or, le présent discours montre que chacun possède la faculté d'apprendre et l'organe destiné à cet usage, et que, semblable à des yeux qui ne pourraient se tourner qu'avec le corps tout entier des ténèbres vers la lumière, cet organe doit aussi se détourner avec l'âme tout entière de ce qui naît jusqu'à ce qu'il devienne capable de supporter la vue de l'être et de ce qu'il y a de plus lumineux dans l'être ; et cela nous l'appelons le bien, n'est-ce pas? [. . . ] l'éducation ne consiste pas à donner la vue à l'organe de l'âme , puisqu'il l'a déjà; mais comme il est mal tourné et ne regarde pas où il faudrait, elle s'efforce de l'amener dans la bonne direction .»
Il faut savoir que pour Platon, l'âme humaine renferme un élément divin, naturellement apte à voir la vérité, comme l'oeil à voir la lumière. Cette aptitude lui vient de ce qu'elle a déjà pu contempler la Vérité. C'est pourquoi, tournée vers la vérité elle la reconnaît; la connaissance n'est en somme qu'une forme de souvenir. C'est la théorie de la réminiscence. C'est bien, me semble-t-il, cet élément divin que les cathares reconnaîtront plus tard dans l'esprit saint prisonnier.

Ce qui est important à mes yeux c'est le concept de changement de paradigme qui explique pourquoi le croyant croit et les autres mon.
En effet, comment expliquer clairement et valablement des concepts à des personnes qui ne peuvent en avoir la moindre idée ?
Là où la plupart ne voient que des ombres chinoises, celui qui est dans la lumière est non seulement incompréhensible, mais aussi dangereux. En effet, comment supporter celui qui vous explique que vous êtes dans l'erreur et qui ainsi perturbe le confort de votre croyance confortable ?

Messages : 404 Date d'inscription : 05/11/2021

L'allégorie de la caverne de Platon est une interprétation imagée et simplifiée de l'éveil, non?
Belle analyse de Chantal.

Oui, mais aussi du cheminement du croyant et des vicissitudes qu'il rencontre dans le monde.

En effet une similitude est facile à établir entre la longue formation du philosophe-roi qui aura en charge la responsabilité de la cité et le long cheminement du chrétien vers sa bonne fin. L'un comme l'autre consacre la majeure partie de leur vie à leur ministère sans renier l'obscurité de la caverne, ( le monde pour notre chrétien).

Citation :: Les philosophes qui ont eu la joie de contempler la clarté de l'Idée du Bien semblent ridicules lorsqu'on leur demande, par exemple dans les tribunaux, de disputer sur les ombres de la Justice. Leur vue souffre d'être passée de la lumière à l'ombre, alors qu'auparavant ils souffraient d'être passés de l'ombre à la lumière. Socrate, livre VI.

Personnellement, cette image me touche profondément; si je compare mon cheminement de croyante, je me situe en effet dans cette "zone" incertaine d'éveillée face à "l'inconnu" du voyage qui ne sait qu'une chose: que sa destination n'est pas discernable.
Car c'est <<avec l'âme toute entière >> que doit s'opérer la conversion vers le Bien.

Les gardiens ( magistrats chargés de la conduite de l'état républicain idéal) selon Platon devront être recrutés dès leur jeune âge, mais à trente ans seulement pourront être désignés ceux qui seront aptes à la Dialectique (art d'argumenter). C'est ensuite entre trente et cinquante ans que ceux qui se seront donné la peine pour des études très exigeantes, redescendront dans la caverne pour y prendre des responsabilités militaires. Enfin, c'est une dernière sélection, à cinquante ans qui pourra décider de ceux qui pourront contempler la lumière du Bien.
Ce long apprentissage de l'être juste, apte à gouverner par devoir la cité idéale, a aussi pour but de montrer la condition du philosophe-roi parmi les humains. Celui-ci n'a pas le droit de négliger ses frères sans le labeur desquels il n'aurait pu poursuivre ses brillantes études et contempler la lumière du Bien. Il doit prendre ses responsabilités, c'est-à-dire gouverner au royaume des ombres parce qu'il est le seul à avoir été éclairé.
De même, le chrétien cathare a pour mission de vivre et travailler dans le monde et dispenser sa Bienveillance sans calcul.

Pour moi le croyant est celui qui a compris que la lumière était désormais son seul but, mais qui va cheminer sur la pente qui y mène autant que nécessaire pour l'atteindre.

Messages : 404 Date d'inscription : 05/11/2021

Chantal a écrit:: Car c'est <<avec l'âme toute entière >> que doit s'opérer la conversion vers le Bien.

J'aime bien cette réflexion. Pour moi, l'âme qui est la mémoire de qui je suis, de toute éternité, est ce que suis venu reprendre à l'ego et à ce monde avec l'aide du Vivant.

Citation :: L'âme toute entière

est une très belle image de Platon.

Ce qui sous entend qu'il avait conscience que l'âme n'était un élément unique, mais bien un mélange entre deux éléments distincts.

Le point de vue de Simone Weil:

Citation :: Si le XVIIIe siècle avait lu Platon, il n'aurait pas nommer Lumières des connaissances et des facultés simplement naturelles L'image de la caverne fait manifestement apercevoir que l'homme a pour condition naturelle les ténèbres, qu'il y naît, qu'il y vit et qu'il y meurt s'il ne se tourne pas vers une lumière qui y descend d'un lieu situé de l'autre côté du ciel. L'Humanisme n'a pas eu tort de penser que la vérité, la beauté, la liberté et l'égalité sont d'un prix infini mais de croire que l'homme peut se les procurer sans la grâce.

» La caverne revisitée