Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute.
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Chantal
Messages : 1141 Date d'inscription : 05/11/2021 Age : 69 Localisation : Bayac Dordogne
Sujet: Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute. Jeu 1 Fév - 18:04
Dans son livre «La religion des cathares» , avec pour appuis la «Summa de catharis» de Rainier Sacconi (ancien évêque cathare, converti au catholicisme et inquisiteur en Lombardie) et «Tractatus de hereticus» de Anselme de Alexandrie (dominicain inquisiteur en Lombardie) Jean Duvernoy nous donne une image très précise de la pratique du Service au Moyen-Âge. Nous connaissons tous le contenu de cette pénitence collective, pour l'entendre et/ou la lire chaque fin de mois, fidèlement retransmise par notre Consolé. J'aimerais donc ici, plutôt baser ma réflexion sur sa pratique. Par cet acte de pénitence donc, les chrétiens d'une communauté cathare s'accusent globalement d'avoir manqué à l'observation de la Règle (de justice et de vérité) et demandent devant le diacre (par l'intermédiaire de leur Ancien) qu'il leur soit imposé des pénitences. Pour rappel, ce service était appelé apparelhment par les catholiques. Il est probable, selon Jean Duvernoy que pour la faute collective (péché chez les catholiques) le diacre imposait à la communauté une pénitence de routine: - Trois jours au pain et à l'eau, selon Anselme d'Alexandrie, en dehors des trois jours jeûnés de la semaine. trois jours appelés «jours de service». - Trois jours de jeûne ou cent génuflexions (venia) selon Sacconi. -Selon le registre de Jacques Fournier, la pénitence pour avoir touché une personne de sexe opposé ou avoir menti fût-ce involontairement était de 9 jours au pain et à l'eau. Ces pénitences infligées par le diacre était une réponse à la demande collective: « Administre nous jours et heures et «veniae» et jeûnes et oraisons, pour que nous ne soyons pas jugés ni écartés de ta grâce et du salut. Bénissez-nous, épargnez-nous». Le péché mortel (la faute contre l'Esprit) par contre, nous dit J. Duvernoy, doit faire l'objet d'une confession individuelle secrète .Sa pénitence varie selon que le péché est public, occulte ou d'intention.
Citation :
Quand l'un d'eux tombe dans le péché de la chair, ou dans un autre qui est mortel dans leur opinion, après avoir reçu l'imposition des mains, il lui faut confesser ce péché seulement, et non les autres, et recevoir à nouveau l'imposition des mains en secret de son prélat (l'évêque ou un de ses fils) et d'au moins un autre avec lui.
Citation :
Pour le péché mortel et manifeste, leur prélat leur donne trois jours continus à trapassar , c'et ainsi qu'il l'appellent, c'est-à-dire que celui qui a péché ne mange ni ne boit rien du tout de ces trois jours; Ensuite le prélat lui enjoint trois carêmes au pain et à l'eau qui ne doivent pas venir se confondre avec les carêmes habituels. Il perd à jamais toute son ancienneté (prioratum) et il ne fera jamais à personne l'imposition des mains, sauf en cas de nécessité. Il doit y avoir aussi, précise l'auteur, une nouvelle consolation après ces trois carêmes».
Citation :
Si quelqu'un pèche mortellement de façon occulte, il est reconsolé, et on lui donne 27 jours à trepassar , c'est-à-dire sans manger ni boire, mais non continus. Il ne perd pas son ancienneté, mais bien sa dignité de prélat, et il ne fera jamais à personne l'imposition des mains, sauf en cas de nécessité.
On retrouve bien là l'importance de l'intransigeante pureté exigée au Consolé, car de nature humaine toujours faillible mais porteur de l'Esprit paraclet, intercesseur du Bien. On comprend aussi la nécessaire humilité qu'un tel apostolat demande.
Citation :
Si quelqu'un désire et veut absolument quelque chose qui soit selon eux un péché mortel, mais sans le faire ( péché d'intention), on lui donne sept jours à trepassar , non continus. On laisse à sa volonté de se faire reconsoler ou non. Mais il perdrait bien la dignité de prélat. Pas l'ancienneté toutefois.
Enfin, dans le registre de J. Fournier, t III, on peut lire:
Citation :
Si un hérétique faisait un autre péché, pour lequel il dût être réhérétiqué (consolé), comme de connaitre charnellement une femme, il pouvait être réhérétiqué à nouveau et devenir Bon Homme . Mais s'il se convertissait à la foi de l'Église romaine et dénonçait les autres hérétiques et les croyants, il ne pouvait plus être réhérétiqué… »
Le sort du traître est laissé à la miséricorde de Dieu. On peut regretter le manque de précision sur la définition du « péché mortel»; je pense qu'il faut y inclure le parjure, le meurtre, la violence envers toute vie, le péché de chair, la traîtrise, le mensonge. Qu'en pensez-vous?
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Pierre
Messages : 460 Date d'inscription : 07/02/2022 Age : 57 Localisation : Itinérante
Sujet: Re: Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute. Sam 3 Fév - 11:26
Bonjour Chantal. Peut-être peut on rajouter à ta liste la consommation de viande, la prestation de serment et le blasphème? Guilhem, quel est ton avis en tant que consolé?
Guilhem Admin
Messages : 1812 Date d'inscription : 04/11/2021 Age : 67 Localisation : Carcassonne (Aude)
Sujet: Re: Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute. Sam 3 Fév - 16:19
Faire gras fait perdre le bénéfice de la Consolation.
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Chantal
Messages : 1141 Date d'inscription : 05/11/2021 Age : 69 Localisation : Bayac Dordogne
Sujet: Re: Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute. Dim 4 Fév - 8:57
Oui, ça va de soi. J'avais complètement oublié la consommation de toute alimentation d'origine animale. Je voulais essayer de cerner le « péché mortel» dans son ensemble.
Pierre aime ce message
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Sujet: Re: Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute.
Le Service cathare: une conscience aigüe de la faute.