Catharisme d'aujourd'hui
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 L'Église restaurée de Pierre

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Chantal

Chantal


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MessageSujet: L'Église restaurée de Pierre   L'Église restaurée de Pierre EmptyVen 24 Nov - 19:09

J'imagine les heures de travail et la passion qui dut animer tour à tour Jean Duvernoy et Anne Brenon quand ils entrèrent dans ce registre de Jacques Fournier, véritable mine d'informations qui leur permirent de redonner toute sa dimension historique au catharisme occitan méprisé, nié et volontairement jeté dans l'oubli.
Nous avons la chance aujourd'hui , grâce à leurs travaux comme ceux d'autres historiens soucieux de remplir correctement leur tâche, de pouvoir entrer en contact avec nos ancêtres persécutés . Avec cette monographie de Anne: «Le dernier des cathares, Pèire Autier», nous sommes vraiment dans les pas du Bon Homme tout au long de sa reconquête spirituelle; nous vivons la renaissance progressive de son Église en suivant les réseaux croyants patiemment réactivés, nous sommes plongés au cœur d'une action pensée, structurée, portée comme le précise Anne « par une énergie constante et menée avec une grande cohérence», nous participons à la succession des ordinations des nouveaux Bons Hommes et d'au moins une Bonne Femme, nous pouvons les nommer, les sortir de l'oubli, leur redonner «vie». Distendue entre Pyrénées et Massif Central et jusqu'au refuge italien, cette Église occitane cathare détient son unité et son identité de sa hiérarchie épiscopale, indépendante de tout autre évêque éventuellement encore existant dans les Églises italienne ou bogomile. La hiérarchie de cette Église "restaurée" était ainsi constituée, dès les années 1300:
  -L'évêque cathare Raimond Isarn, réfugié en Sicile (encore signalé dans les dernières années du XIIIe siècle). Il aurait peut-être rallié autour de lui plusieurs Bons Hommes     des Églises de Carcassès, d'Albigeois et d'Agenais selon Jean Duvernoy qui supposait l'existence d'une communauté de  trois Bons Hommes en Albigeois sans aucun lien avec l'Église de Pèire Autié.
  -Le diacre Bernat Audouy nommé Messer Bernat, réfugié en Lombardie, qui avait consolé Pèire Autié .  
  - La communauté des Bons Hommes dont Pèire Autié était l'Ancien. Cette communauté, selon  Anne, ne dépassa jamais la quinzaine de Bons Hommes pour un territoire d'environ cinq départements actuels.
  - On ne peut pas vraiment parler alors  d'une communauté de Bonnes Femmes, car Jaumeta résidant à Toulouse, se trouve bien isolée des Bonnes Femmes de Sicile, avec seulement à ses côtés sa socia Esclarmonde, probablement novice. 
On remarque, au fil de notre lecture, que bien que réduite à une poignée de religieux clandestins l'Église cathare de Pèire fonctionna de manière collégiale par assemblées conciliaires exactement sur le mode de l'Église des apôtres. 
Un siècle plutôt, nous rappelle Anne, l'Ancien Pèire Autié aurait été le responsable des destinées d'une maison cathare, il aurait au sein de sa communauté reçu, chaque mois le diacre officiant lors de la pénitence collective du service (cf. service mensuel de Guilhem de Carcassonne sur Youtube), il aurait veillé au respect de la règle, dirigé la formation des novices avant de les présenter à l'ordination. Au début de ce XIVe siècle, à la tête d'une communauté restreinte, il
 dut maintenir la cohésion au sein d'une ecclesia dispersée, clandestine et sans cesse en mouvement,  avec les seules compétences d'un Ancien, et en se référant quand le besoin s'en faisait sentir, à l'autorité de sa hiérarchie lointaine, le diacre Messer Bernat . 
Pèire Autié rassembla autant qu'il lui fut possible sa communauté dispersée et malgré les difficultés inhérentes à la clandestinité, le lien entre les Bons Hommes ne parut jamais distendu. Les  dépositions des passeurs et des croyants nous permettent de connaître les motifs de certains des conciles de l'Église:
- Selon les souvenirs de Pèire Raimond des Hugous, l'Ancien réunit à Toulouse les Bons Hommes Jaume Autié, Amiel et Pèire Raymond pour régler le problème de l'attribution du legs d'une croyante de Cabardès. 
- Il les réunit une autre fois au Born pour mettre fin à un contentieux entre les Bons Hommes Amiel et Pèire Raymond. 
- Il réunit Jaume Autié et Amiel , chez Baranhone Peyre pour statuer sur la défaillance du Bon Homme Amiel. La décision fut prise alors d'envoyer le pécheur en Italie, guidé par Martin Francès, pour être réconcilié par le diacre , l'Ancien n'ayant pas ce pouvoir.  
- En 1301 ou 1302, le colloque de Limoux réunit 5 ou 6 Bons Hommes, des passeurs, des croyants et même des membres de la famille des pécheurs pour statuer disciplinairement sur le cas de Pons d'Ax et de Pons de Na Rica.  Le caractère solennel et public de l'Assemblée est un signe de l'unité et de l'intégrité de cette Église. Divers témoignages de ce concile permettent de mettre en lumière la présence de huit Bons Hommes: Pèire, Guilhem et Jaume Autié, Andrieu de Prades, Pèire Raymond de Saint-Papoul et Amiel de Perles, plus les deux pécheurs, Pons d'Ax et Pons de Na Rica.
Je vais suivre de près, dans le registre de Jacques Fournier, toute information utile qui pourra mettre en lumière les paroles et actes de ces chrétiens dont le message d'Amour fait fi du temps et je vous les rapporterai.

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Guilhem
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MessageSujet: Re: L'Église restaurée de Pierre   L'Église restaurée de Pierre EmptyVen 24 Nov - 19:16

Comme d'habitude, excellent travail de collationnement et d'analyse.
Pour dépasser le caractère strictement historique, je voudrais faire remarquer, sans prétendre comparer les problèmes d'aujourd'hui avec ceux de l'époque, que ce qui mine l'ecclésia aujourd'hui c'est la nature de notre époque où le travail et la motivation sont souvent manquants.
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Chantal

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MessageSujet: Re: L'Église restaurée de Pierre   L'Église restaurée de Pierre EmptySam 25 Nov - 1:09

Je ne fais que vous rapporter le travail de Anne Brenon, avec l'espoir que tous ceux qui ne connaissent pas ses œuvres aient l'envie de la découvrir. À ceux qui peuvent rechigner à s'intéresser aux écrits trop «historiques» tels que le registre d'inquisition par exemple, je dirai que l'écriture moderne  de Anne Brenon est d'un charme incomparable qui a le don de faire disparaitre les frontières du temps en nous  permettant d'approcher  au plus près la réalité historique de ces chrétiens si chers qui ont encore et toujours à nous apprendre. L'importance de son travail sur et pour le catharisme ne peut être zappé par toute personne s'intéressant vraiment à cette spiritualité.
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Chantal

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MessageSujet: Re: L'Église restaurée de Pierre   L'Église restaurée de Pierre EmptyVen 1 Déc - 19:45

Après son étude fouillée des documents inquisitoriaux, Anne Brenon fait le constat suivant:
Citation :
La dernière Église cathare ne s'est pas suicidée ni laissée mourir par anémie ou «faiblesse doctrinale interne» comme on le lit trop souvent dans une historiographie de vieille tradition catholique. Elle a été brûlée vive». 
Brûlée vive par cette même Église catholique. L'évidence de ce constat se révèle en effet de manière cruelle, en suivant avec Anne, les dernières actions, entre 1305 et 1310 de cet homme hyperactif que fut L'Ancien. Le conflit entre le roi (Philippe le Bel) et le pape (Clément V) éteint (cf. l'attentat  d'Agnani) et l'intérêt royal recoupant désormais celui de la papauté, l'Inquisition va déployer son action sans plus aucune retenue. La révolte des villes du Midi écrasée par la nouvelle alliance de ces deux pouvoirs en est sûrement un des plus clairs symboles. c'est dans ce contexte historique qu'est arrêté Guilhem Peyre-Cavaillé (hiver 1304-1305) un des principaux agents cathares (et un des rares renégats) de Limoux. Après plusieurs mois de prison à Carcassonne, il est relâché, peut-être sous la promesse de faire arrêter des hérétiques, pratique habituelle de l'inquisition. Il dénonce, en effet, et revient à Limoux pour tendre un piège aux deux Bons Hommes, Jaime Autier et Andrieu de Prades. Sous prétexte de consoler une mourante, devoir auquel les Bons Hommes devaient répondre même en cas de danger, ils seront arrêtés. Même si les deux Bons Hommes s'échappent alors, comme plusieurs autres après eux, le mal est fait. Le traître sous protection dans l'enceinte inquisitoriale de Carcassonne jusque dans les années 1320 a pu amplement dénoncer connaissant les passeurs, les agents, les gîtes, les habitudes des Bons Hommes, et les pratiques de la clandestinité à Limoux, en Razès mais aussi en tant que passeur lui-même jusqu'en Toulousain et Lauragais. Dès novembre 1305 les rafles des croyants vont se succéder, tout d'abord toute la population de Verdun-en-Lauragais, et de nombreux croyants de Born, Prunet, Villemur, Saint-Sulpice, Mirepoix-sur-Tarn, Verlhac-sur-le-Tescou, Bouillac-en-Lomagne, Montclarc-en-Quercy et même Toulouse, ces rafles de l'Inquisition ayant pour but de cibler les membres des familles des Bons Hommes pour remonter le réseau clandestin: c'est le premier épisode de la grande traque des Bons Hommes  avec pour but ultime de tous les éradiquer. Geoffroy d'Ablis répètera le procédé en Sabartès en 1308 . Alors que  le travail concerté des tribunaux de Carcassonne et de Toulouse (Bernard Gui, inquisiteur dès janvier 1307) met à mal de façon systématique les réseaux de l'Église de Pèire, on voit cette dernière resserrer les rangs autour de leur Ancien et de sa poignée de Bons Hommes avec un courage et une détermination hors du commun. Anne a raison, cette Église était alors plus vivante que jamais, et ses membres, Bons Hommes, croyants, passeurs, agents, hôtes et hôtesses des gîtes anciens et nouveaux, seuls face à la machine broyante de l'inquisition, ne pouvant plus compter sur aucun soutien politique seigneurial ou châtelain,  force notre admiration dans cette figure de l'Église persécutée, la vraie, la seule Église qui fuit et qui pardonne , l'Église chrétienne dont Pèire Autier fut l'apôtre.
Face donc à la machine meurtrière qui arrête, questionne , détruit les liens, brûle les maisons où passent , prêchent et ordonnent les hérétiques , l'Église de Pèire ordonne de nouveaux Bons Hommes pendant que ses croyants inventent de nouveaux  gîtes, maisons cathares base de repli permanent pour la survie d'une communauté clandestine. 
Pour permettre à  son Église de poursuivre sa mission, l'Ancien ordonnera régulièrement pendant toute cette sombre période.
Pèire Autier ordonne son fidèle agent et  passeur Pèire Sans (Pèire de la Garde) à la Toussaint 1306, au gîte de la famille Durand à Belvèze.
Il ordonne, début 1307 le jeune Raimond Fabre (Raimond de Coustossa) dans la demeure de Pèire de Clairac, à Verlhac-Tescou. Sont présents à cette ordination deux autres Bons Hommes: Pèire Sans et Félip de Talairac.
Félip de Talairac dirigera le noviciat de Guilhem Bélibaste, Guilhem Autier, celui de d'Arnaut Marty, Pèire Autier, celui de San Mercadier. Pèire Sans se chargera de la formation de Pèire Fils, en Lantarès. À la fin de l'année 1308, Guilhem Autier achèvera l'enseignement de son novice Arnaut Marty de Junac avant de l'y ordonner. L'ordination de Guilhem Bélibaste nous est  mal connue jusque là. Enfin en avril ou mai 1309, Pèire Autier, dans le refuge de Cammas de Bertrand Sallès, ordonnera son dernier novice Sans Mercadier, le petit tisserand de Born.
La force des croyants de cette Église se révèle, elle, dans la  reconstruction et même la  construction de nouveaux réseaux , de nouveaux gîtes clandestins nécessaires à la survie de l'Église, à la protection de ses ministres.
-La maison de la rue de l'Étoile à Toulouse, tenue par les deux agents de l'Église, Pèire Bernier et Serdane Faure, vrais ou faux mariés à la manière de" bons catholiques", achetant de la viande chez le boucher pour éloigner tout soupçon d'hérésie, cette maison  était alors  une véritable maison de l'Église où la dernière Bonne Femme connue pouvait suivre la règle de Justice et de Vérité, où les croyantes toulousaines pouvaient la visiter, où le Bon Homme Félip pouvait enseigner le jeune Raimond Fabre.
-La maison de Rabastens, tenue par le vrai/faux couple Guillelme Maury de Montaillou (sœur du berger Pèire Maury) et de Bernat Bélibaste (frère du novice), chargé de donner son apparence de respectabilité à la maison, était une autre maison de l'Église où firent halte les Bons Hommes Pèire Autier et Pèire Sans, et où les croyants de la basse vallée du Tarn, de  Rabastens, Saint Sulpice, Mirepoix avaient leur base de liaison.
- En haut comté de Foix, la croyante Sébélya Bayle consacrait sa maison à l'entier service des Bons Hommes et était elle-même un des plus sûrs agents de liaison.
-À Rabastens encore, l'atelier de Doumenc Durand, le fabricant de bâts et l'échoppe où travaillait le jeune tisserand Sans Mercadier, était un relais. 
Face à l'Église bien vivante de Pèire, l'apôtre cathare, l'Église persécutrice toute puissante dans son triomphalisme inquisitorial se permit impunément de brûler ce qui la gênait.

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