Messages : 1597 Date d'inscription : 04/11/2021 Age : 66 Localisation : Carcassonne (Aude)
Sujet: La ligne rouge - Terrence Malick 1998 Lun 27 Mar - 12:36
Ce film, qui a soulevé énormément de polémiques, qui fut nommé sept fois aux Oscars sans en recevoir un seul, dont le casting impressionnant fut soit éliminé au montage (Gary Oldman, Viggo Moternsen, Martin Sheen, Mickey Rourke, etc.), soit totalement dépossédé de sa position initiale (Adrien Brody), est organisé sur deux plans : un totalement mondain où un colonel (Nick Nolte) avide de gloire après des années à végéter pousse au massacre un groupe de combattants mené par John Cuzack qui essaie de mettre de l'humanité dans sa mission, Sean Penn désabusé et persuadé que rien en ce monde n'est à espérer, et un plus philosophique et spirituel qui se déverse par des voix off représentant les pensées de chacun des protagonistes. J'avais vu ce film il y a quelques années et n'en avait gardé que le plan mondain de ce combat dantesque pour conquérir une île du Pacifique (Guadalcanal) dont on se demande si elle valait un tel prix. Aujourd'hui, je vois comment le metteur en scène a tenu à montrer l'inanité des choses de ce monde en bouleversant l'importance des acteurs par rapport à leur place dans le film final — on y aperçoit même à peine John Travolta — au point que le vrai héros est un ancien déserteur (Jim Caveziel) qui vivait en paix et en symbiose avec la nature et une tribu mélanésienne avant d'être repris et de se retrouver brancardier dans cet enfer. La solution est de regarder ce film en traitant les images comme des illustrations de ce monde et en se concentrant sur les voix off qui interroge la validité de ce monde et la motivation de Dieu. Sans doute à voir et revoir.
Pierre de Montech aime ce message
Chantal
Messages : 962 Date d'inscription : 05/11/2021 Age : 69 Localisation : Bayac Dordogne
Sujet: Re: La ligne rouge - Terrence Malick 1998 Mer 29 Mar - 14:26
Le« plan mondain» serait insoutenable à regarder sans les pensées des personnages en voix off, et plus particulièrement il me semble, celles de l'athée désabusé mais plus humain qu'il veut bien le laisser paraître et celles du héros qui, lui, croit encore à l'Amour dans l'humain. Ces voix off, non seulement nous font supporter l'insupportable mais, en plus, elles nous emmènent au-delà de cet enfer dans un questionnement "éternellement" humain. Les réflexions sur la vanité de l'existence forment comme une toile de fond:
Citation :
Ce qui est dur , c'est de ne pas savoir si ça sert à quelque chose […] La guerre ne rend pas les hommes meilleurs, elle en fait des chiens, elle empoisonne l'âme […] On est saccagé de l'intérieur par tout ce sang, cette crasse, ce vacarme…
Et au premier plan, s'interpellent, se répondent les pensées de l'athée désabusé et celles de l'éveillé:
Citation :
Dans ce monde un homme seul c'est rien, et il n'y a pas d'autre monde[…] Vous avez tort , sergent, il y a un autre monde…
Nous trouvons aussi, la dualité des deux principes:
Citation :
Ce grand Mal, d'où est-ce qu'il est venu? Quelle graine, Quelle racine l'a fait pousser? Qui fait ça?
Citation :
L'amour d'où vient-il? Qui a allumé en nous cette flamme? Aucune guerre ne peut l'atteindre, la soumettre…
Jusqu'au bout, notre héros porté par sa foi dans le Bien , s'interroge sur l'attitude humaine, sans douter de Dieu:
Citation :
Qu'est-ce qui nous empêche de tendre la main? D'atteindre la grâce? […] Je vois encore en vous une étincelle, sergent…
Et c'est grâce à cette étincelle que peut s'immiscer à nouveau un début de Bien jusque même dans le cœur de notre sceptique:
Citation :
Elle est où maintenant ton étincelle?
Je pense aussi que c'est un film à voir et revoir, ou plus exactement à "écouter".