Je n'ai pas voulu casser l'ambiance que l'on prête à Noël, mais pour avoir côtoyé ces derniers mois la misère affective et la grande solitude qui peut régner dans une maison de retraite, je sais, aujourd'hui, que pour la plupart de nos aînés, les silencieux, les presque plus visibles, Noël c'est plutôt ça.
Madame à Minuit ou Noël
Madame à minuit ,croyez- vous qu'on veille
Madame à minuit, croyez- vous qu'on rit?
Le vent de l'hiver me corne aux oreilles,
Terre de Noël, si blanche et pareille,
Si pauvre, si vieille et si dure aussi.
Au cœur de la nuit, les fermes sommeillent,
Cadenas tirés sur la fleur du vin,
Mais la fleur du feu y fermente et veille
Comme le soleil au creux des moulins.
Comme le soleil au creux des moulins.
Aux ruisseaux gelés la pierre est à fendre
Par temps de froidure, il n'est plus de fous,
L'heure de minuit, cette heure où l'on chante
Piquera mon cœur bien mieux que le houx.
Piquera mon cœur bien mieux que le houx.
J'avais des amours, des amis sans nombre
Des rires tressés au ciel de l'été,
Lors, me voici seul, tisonnant des ombres
Le charroi d'hiver a tout emporté,
Le charroi d'hiver a tout emporté.
Pourquoi ce Noël, pourquoi ces lumières,
Il n'est rien venu d'autre que les pleurs,
Je ne mordrai plus dans l'orange amère
Et ton souvenir m'arrache le cœur.
Et ton souvenir m'arrache le cœur.
Madame à minuit , croyez-vous qu'on veille?
Madame à minuit, croyez-vous qu'on rit?
Le vent de l'hiver me corne aux oreilles,
Terre de Noël, si blanche et pareille,
Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.
Ce poignant poème de Luc Bérimont ( mis en musique par Léo Ferré) est trop beau pour le garder par devers soi.
Léo Ferré, Catherine Sauvage et Jacques Bertin l'interprètent merveilleusement.