“Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre.”

Cette phrase de Karl Marx (Manifeste du parti communiste) illustre bien la situation actuelle. Comme en 1938 lors de la rencontre avec Hitler, Chamberlain, Mussolini et Daladier, les occidentaux ont montré à Poutine qu'il n'avait rien à craindre en cas de comportement inacceptable. Du coup, comme la même année, Hitler avait envahi les Sudètes au motif que des allemands y vivaient, poutine envahi aujourd'hui l'Ukraine pour dénazifier ce pays gangréné par le désir de démocratie. La prochaine étape sera sans doute l'équivalent de l'invasion de la Pologne en 1939 qui fut le déclencheur de la seconde guerre mondiale. Ce pourrait être le cas d'une réaction aux mesures économiques qui vont étrangler l'économie russe. Par exemple l'envahissement de républiques baltes ou de la Finlande qui va sans doute vouloir rejoindre l'OTAN au plus vite.

Le philosophe Jean Loubry dans "Le vain désir du mieux" (presses universitaires de Louvain) semble plus pessimiste encore sur la capacité humaine à tirer des leçons du passé:

Citation :

Celui qui ne connait pas l'histoire est, dit-on, condamné à la revivre mais celui qui la connait est condamné, lui, à savoir qu'elle se revit toujours, qu'on la connaisse ou non . . .Parce que l'expérience des vieillards n'empêche pas les jeunes de commettre leurs erreurs, pas plus la connaissance de l'Histoire n'empêchera les nouvelles générations de reproduire les horreurs des anciennes parce que chaque génération estimera toujours que ce n'est pas la même chose et que, de toute façon, elle va faire beaucoup mieux

. Et il conclut par cette terrible phrase:

Citation :

Chacun ne retient des évènements que les leçons que ses certitudes sont prêtes à recevoir.

Comme disait l'autre : l'expérience est une lanterne accrochée dans le dos qui n'éclaire que le chemin… déjà parcouru. (Confucius)

D'où la bonne idée, c'est de faire le deux Un, ou, une bonne fin. L'expérience, c'est ramasser le fruit quand il est mûr.

Ne juger ni Poutine, ni les russes, ni les ukrainiens, ni les chefs d'états occidentaux. N'accepter la violence sous aucune forme. Les sanctions économiques sont une forme de violence faite au peuple russe.
Dur, dur d'être cathares! Jean-Paul

D'où la nécessité d'apprendre le retrait comme dans l'histoire de l'animal pris au piège du NT cathare occitan.

Je ne vous cacherai pas que, comme Jean-Paul, je trouve très dur l'apprentissage du retrait. Les médias, notamment la télé, banalisent déjà cette guerre vue par le petit trou de leur lorgnette, entre le salon de l'agriculture et la campagne électorale, sans changer de ton. Les jeunes ukrainiens dès 18ans se préparent à mourir pour leur pays dans l'indifférence , l'apathie des pays voisins. C'est terrifiant!

Permettez-moi d'y attacher quelques passages que je viens de traduire du livret de D. Angelov "The Bogomil mouvement". (Des synthèses similaires peuvent, bien sûr, être trouvées dans n'importe quel ouvrage sérieux sur les cathares, mais celui-ci m'a amusé - pour ainsi dire - à cause de la mention du tsar russe (n'oublions pas non plus que l'un des opposants les plus notoires à cette guerre est George Soros):

"Les vues sociales des bogomiles étaient basées sur la conception dualiste du monde qu'ils prêchaient. Partant de la conception que la terre est le royaume du mal, ils ont lancé de vives attaques contre les riches et les puissants. Les richesses, disaient-ils, venaient de Mammon, i. e. le diable, et prétendait que les représentants du pouvoir terrestre étaient des serviteurs de Satan. [...] Alors que l'église considérait les puissants comme des émissaires de dieu et les riches comme les favoris de dieu, les bogomiles les attaquaient - comme porteurs du mal et comme des gens haïs par dieu.[...] Particulièrement indicatifs sont les appels des bogomiles à la désobéissance au tsar et aux maîtres."

Et encore:

"Le caractère profondément humain de l'éthique bogomile se manifestait dans l'attitude extrêmement négative des bogomiles envers les guerres et les effusions de sang. L'image de Caïn, incluse dans leur cosmogonie, est dépeinte comme l'image du plus grand criminel qui a agi à la suggestion de Satanail. [...] Opposants convaincus des meurtres et des effusions de sang, les Bogomiles ont réprimandé les représentants de l'église pour le fait que des guerres étaient menées et que les gens s'anéantissaient les uns les autres avec leur bénédiction."

Je voudrais finir avec une note de presse de ces jours : "Le patriarche [de l'église orthodoxe] russe a demandé « à toutes les parties du conflit de faire tout leur possible pour éviter les pertes civiles », sans appeler à la fin des combats."

Ces précisions montrent deux choses :
On ne peut pas défendre le retrait du monde si l'on pense qu'il est l'œuvre de Dieu.
Les Églises qui ont préféré le pouvoir à la spiritualité ne peuvent que prendre parti dans des conflits qui concernent leur sphère de pouvoir.

Cette notion de retrait du monde me fait beaucoup réfléchir. Le retrait du monde ne doit être inspiré ni par la lâcheté, ni par l'égoïsme et encore moins pas le sentiment d'impuissance. En aucun cas, le retrait du monde doit conduire à se soustraire à ses méfaits en se retirant dans une tour d'ivoire. Au contraire, je pense qu'il faut se confronter au mal et à ses œuvres, sans tourner la tête, sans fermer mes yeux, sans se boucher les oreilles et en ne restant pas muet : Mal, je te vois, je te reconnais, je sais que ce monde est le tien, je vois les souffrances que tu infliges à nos frères ukrainiens mais aussi à nos frères russes et à tous ceux que tu fais souffrir en ce monde mais je sais que par ces souffrances tu contribue à ton propre anéantissement. Ce retrait du monde, c'est avoir pleinement conscience qu'il est mauvais. Jean-Paul

Absolument ! Contrairement à d'autres religions, les chrétiens cathares — pourtant totalement démunis face à la brutalité du monde —, s'interdisaient, et donc s'interdisent encore, de se mettre à l'abri dans une clôture protégée.
En cela ils manifestent leur refus de céder aux règles mondaines de violence et de prédation, mais ils en acceptent l'augure, car ce faisant ils savent qu'ils sont plus fragiles que quiconque vis-à-vis de la plupart des mondains qui sont avant tout des lâches et qui vont donc préférer s'en prendre à des faibles en termes physiques plutôt que d'affronter leurs égaux. Les événements que tu relates sont clairs ; s'en prendre à des pays considérés comme incapables de se défendre et interdire aux autres de s'en mêler. Sauf que les premiers ont montré qu'ils savaient résister même si les seconds restent effectivement figés dans la peur d'un conflit nucléaire.

Guilhem a écrit:
"Les seconds restent figés dans la peur d'un conflit nucléaire": c'est là que le bât blesse, jamais dictateur n'a dû se sentir aussi puissant.
Jean-Paul a écrit:" Le retrait du monde ne doit être inspiré ni par la lâcheté, ni par l'égoïsme et encore moins par le sentiment d'impuissance". Je comprends l'importance de cette affirmation. J' ai pourtant bien l'impression que dans mon cas personnel, c'est souvent ce sentiment d'impuissance qui m'entraîne vers le désir de retrait. Envahie, tour à tour par la révolte, la colère, l'empathie, la peine, le découragement, en fait tourmentée par mes sentiments, je désespère parfois de pouvoir faire mienne  cette idée que pourtant je sais essentielle: "Ce retrait du monde, c'est avoir pleinement conscience qu'il est mauvais. . .

Il ne faut pas confondre : ne pas participer à la folie du monde, y compris pour tenter de la modérer et se retirer du monde pour se protéger de sa folie. Les cathares sont dans la première situation.

Oui, oui, je comprends bien, la difficulté pour moi réside dans l'acceptation qu'on ne peut ni ne doit modérer cette folie. Un manque d'humilité, de clairvoyance, et peut-être bien des deux.

C'est comme vouloir vider la mer à l'aide de ses seules mains.