Nous ne sommes pas du monde

Ce prêche que vous pourrez écouter le 10 et lire le 17 met en avant un point essentiel à maîtriser : le lâcher prise vis-à-vis du monde.

Hâte de l'écouter, il s'avèrera je pense très utile en ces temps troubles.

Citation :

Nous sommes des éléments stabilisateurs du monde, l'empêchant de s'auto-détruire et de retourner au Néant dont il est issu.

Et nous en payons le prix fort. La tragédie de la vie humaine sur terre réside dans ce concept cathare du mélange, encore nommé ici par Guilhem «la dualité de notre être mondain». Ces deux parties totalement opposées, dissonantes, antinomiques, et pourtant constituantes de l'être, élaborent, ici-bas, le lot de chaque individu, conscient ou non du fait. La prise de conscience de ce fait produit en l'être mondain une douleur métaphysique, un sentiment de déchirure, d'incomplétude qui ne disparaîtra qu'à la mort, seul moment possible alors pour notre émanation divine, l'Être, de retrouver l'unité perdue s'il obtient la grâce de retourner au principe du Bien. 
Dilemme métaphysique entre cette partie matérielle, cette tunique de peau et tous ses attributs enjôleurs et maléfiques qui nous figent dans le monde et nous fait si lourds, et notre esprit du Bien qui n'aspire qu'à la grâce.

"La dualité de notre être mondain" ne pourrait t'il pas se caractériser par exemple par la dissonance cognitive de l'être humain face à la violence perpétré envers les animaux ?
La prise de conscience, le sentiment de déchirure et de douleur métaphysique ; je ne peux m'empêcher d'y voir comme exemple concret l'éco-anxiété, cet état de détresse émotionnel et anxiété profonde décrit par les sociologues suite à la prise de conscience de la violence du monde (fin de sa dissonance cognitive) et prise de conscience de l'ampleur de la catastrophe écologique et climatique.

Non, car pour les cathares, ce monde — les animaux y compris — relève du démiurge, donc du mal. La dualité disparaît avec l'éveil qui nous révèle notre vraie nature.

Justement la dissonance cognitive est un phénomène de l'ordre de l'inconscient, ne pourrait on pas voir dans cela influence inconsciente de l'esprit saint emprisonné en nous ? Non pas simplement pour aimer un fruit du démiurge mais pour en rejetter sa violence ? La fin de la dissonance cognitive est pour moi l'arrêt de cette violence qui nous détruit comme par exemple changer de régime alimentaire pour ne plus se faire violence et faire violence à autrui, donc ne plus être en dualité intérieur. Alors cela coinciderait avec l'éveil.

Pour être plus clair la dissonance cognitive c'est rejetter la violence quand on l'a sous les yeux puis faire violence par la suite en fermant les yeux sur cette violence que nous rejettions juste avant.
Comme par exemple ne pas vouloir regarder la vidéo un abattoir (totalement insupportable à mes yeux) mais accepter de manger ce même animal par la suite.

Je parle bien içi du rejet de cette violence faîte aux animaux.
La dissonance cognitive sert donc le démiurge dans son cycle infernal de la violence du monde. Ce rejet de la violence n'est pas une conséquence d'un amour pour le monde mais simplement le rejet de toute violence quelle qu'elles soient.

À mon sens, l'éveil, la prise de conscience de la violence du monde, la fin de cette dissonance cognitive, marque la fin de notre dualité. Cette vision ne me paraît pas incohérent ou incompatible avec le catharisme. Au contraire cela me paraît renforcer ça cohérence face au problème écologique.

Guilhem a écrit:

Non, car pour les cathares, ce monde — les animaux y compris — relève du démiurge, donc du mal. La dualité disparaît avec l'éveil qui nous révèle notre vraie nature.

Donc vous avez compris la subtilité de ce dualisme ou vous faites seulement références aux écrits que vous avez appris ?

La dissonance vient de l'expression simultanée de la part spirituelle et de la part mondaine. Cette dualité cesse quand nous voyons dans la part mondaine la prison de notre part spirituelle. Cette remise en place des valeurs règle le problème. Les cathares furent les premiers à comprendre ce problème en leur temps à partir du message transmis par Christ.

Je suis tout  à fait d'accord avec toi Pikan pour expliquer ce sentiment de dissonance cognitive face aux injustices révoltantes et à la violence omniprésente comme un générateur de la détresse émotionnelle ( éco-anxiété, etc. ) mais la prise de conscience, comme le fait de changer notre comportement ( changer de régime alimentaire par exemple) ne peuvent annihiler  cette dissonance car chaque être, reste d'une part impuissant face à la violence extérieure, et d'autre part insuffisant à atteindre intérieurement la non-violence absolue.
Guilhem a écrit: « La dualité disparaît avec l'éveil qui nous révèle notre vrai nature ». L'éveil donc, comme premier pas sur le chemin n'est peut-être pas ce que l'on croit , ce que l'on pense faussement connaître en nous.

Je crois comprendre ce que tu veux dire chantal, dans un sens nous pensons que nous avons effectué notre éveil mais c'est un piège qui nous fait oublier les violences les plus profondes liées à notre mauvaise part que nous n'avons pas totalement conscience ? Et donc pas totalement supprimé ?

La compréhension de notre nature duelle, mondaine et spirituelle, est à la base du catharisme. La plupart refuse de l'admettre et pensent être entièrement créés par Dieu.
Le sympathisant cathare trouve cette hypothèse intéressante, voire attrayante, mais n'en est pas encore absolument convaincu.
Quand cette hypothèse devient une évidence et que nous voulons écarter la part mondaine au profit de la part spirituelle, on est éveillé et on est donc devenu croyant.

Mais peut-on se dire réellement éveillé alors que cette dualité, cette dissonance est toujours présente, voire plus bruyante que par le passé?

La dissonance sera présente jusqu'à la mort du corps. L'éveil ne la supprime pas, mais il met en premier la part spirituelle.

Il s'agit donc d'appréhender son éveil sous le prisme de la part que l'on attribue à sa propre spiritualité sans donner trop d'importance à l'obstacle de cette dualité de l'être…car cette dualité est insoluble?