L'historien, Thomas Chopard a écrit un article dans la revue d'Histoire culturelle n°8 intitulé « Regard sur l'historiographie et la mémoire du Holodomor. Qualification de génocide et paradigme de la Shoah». Après la lecture, j'ai vraiment ressenti que la puissance du Mal est sans limite pour se réinventer dans le cœur de son esclave préféré.
L'Holodomor, terme forgé à partir de «holod»: la faim, et « moryty »:tuer , donner la mort intentionnellement, est la grande famine qui a frappé l'Ukraine entre 1932 et 1933 causant 4 millions de morts. On sait bien aujourd'hui que l'Ukraine ne fut pas le seul territoire de l'U.R.S.S. à avoir connu la famine à cause de la politique de Staline. L'analyse faite par les historiens de cet horrible évènement glace le sang.
Leur constat sur ce génocide, car il s'agit bien d'un génocide - reconnu d'abord en 2006 par la justice ukrainienne suivie par l'Union européenne et les U.S.A - comparé aux autres génocides du XXe siècle (dont la Shoah), nous montre que si le Kremlin a délibérément affamé les Ukrainiens afin de les tuer en masse, la méthode utilisée alors par les Soviétiques se révèle particulièrement cruelle: la destruction du peuple à éliminer ne fut pas accomplie, comme les autres génocides, par le meurtre en masse, mais en soumettant les habitants à des conditions de vie inhumaine, en fait en les tuant" à petit feu", dans une souffrance continue. En Ukraine, nous dit Thomas Chopard, les Soviétiques ne cherchaient pas l'extermination totale du peuple, mais la disparition de l'identité nationale et culturelle ukrainienne. L'alternative était claire: meurs lentement ou soumets-toi. Il y a 90 ans de cela. Qu'est-ce qui a changé?