J'ai trouvé, dans la revue
l'humanologue, cette enquête intéressante qui nous questionne sur le rôle de la religion aujourd'hui.
L'institut de sondage
Gallup nous offre ces statistiques ( la date fait défaut) :
À l'échelle de la planète, 3 adultes sur 4 (74%) se déclarent croyants. Parmi eux, on distingue 2,2 milliards de chrétiens,, 1,4 milliard de musulmans et un milliard d'hindous.
Une proportion toujours plus nombreuse (10%) de personnes se déclare croyants mais «
non affiliés», c'est-à-dire qui ne se reconnaissent dans aucune religion précise. Le nombre de ces non-affiliés ne cesse de croître: en 2016, 1/4 des américains s'affichaient non-affiliés.
Les athées, eux représenteraient 7% de la population mondiale.
Les résultats de l'étude menée par le collectif dirigé par
J. Stolz en 2015, en Suisse ( «Religion et spiritualité à l'ère de l'ego», Labor) sur un ensemble de plusieurs enquêtes ciblées, montrent avec beaucoup plus de finesse comment se définissent ces diverses populations de croyants non-affiliés. Quatre population se distinguent:
- Les
croyants distanciés: définis ainsi par Olivier Roy [1], ils regroupent l'immense majorité des croyants, bouddhistes, musulmans, chrétiens, adeptes de Vishnou ou de Shiva pour qui la religion ne correspond plus à un dogme. Ils croient à une réalité transcendantale sans que cette croyance n'ait de contenu doctrinal précis. La signification de la religion a alors des raisons diverses: soit la religion s'identifie à une éthique de vie fondée sur des valeurs (bienveillance, amour, paix , morale de vie, non-violence ,etc. mais la pratique n'existe plus), soit Dieu relève de l'expérience existentielle ( comme la forme d'un enchantement ressenti au contact de la nature, de la beauté , la présence d'esprit protecteurs, d'anges-gardiens,… etc.) Les distanciés représenteraient 57% des non-affiliés.
- Les
alternatifs (13% des non-affiliés) qui adoptent des croyances«
new- âge » et «
holistiques », inspirées de spiritualités orientales (Karma, Chakra) et doctrines ésotériques (énergies cosmiques , chamanisme).
- Les
séculiers (12% des non-affiliés), se déclarent athées ou agnostiques.
- Les
institutionnels (les 18% restants) sont définis comme accordant une grande valeur à la foi et aux pratiques religieuses traditionnelles chrétiennes, sans préciser pourtant ce qui permet de les classer ici (?) En effet, pourquoi ne sont-ils pas
affiliés au christianisme officiel ?
L'étude de ce livre s'attache à démontrer que l'affaiblissement des Églises depuis les années 1960 et la "vulgarisation " du spirituel en produit de consommation de masse sont les conséquences essentielles de l'hyperindividualisme.
Les théories cognitives des croyances humainesBien entendu, psychologues et anthropologues se sont intéressés de près au sujet. Selon eux, deux types de processus mentaux expliquent les croyances religieuses:
- Le cerveau humain connaîtrait une expérience universelle: ce sentiment de séparation entre notre esprit et notre corps. Ils considèrent donc ce sentiment comme un trait universel du psychisme humain. ( Philippe Descola «Par delà nature et culture», 2005).
- Au sentiment d'être un esprit découplé du corps, s'ajoute l'idée que nos pensées sont la cause de nos actions, l'être humain se percevant à la fois comme être pensant et volontaire (agent).
L'idée selon laquelle des esprits immatériels puissent agir sur le cours des choses serait la base de la «religion naturelle» comme l'appelèrent les philosophes des Lumières, une religion spontanée et intuitive qui pourrait naître d'une configuration propre à l'esprit humain.
La question que se pose alors l'éditorialiste à la suite de cet état des lieux:
- Citation :
- Reste à savoir comment un penchant naturel (existence d'esprits invisibles) se transforme en un corpus de doctrine précis - le christianisme, le bouddhisme, l'hindouisme…- et comment celui-ci peut se maintenir à travers le temps jusqu'à nos jours où le rationalisme a fait de rudes progrès.
note 1: Olivier Roy, «La Sainte ignorance. Le temps de la religion sans culture», Seuil 2008.