Gnose et gnosticisme

Ce 6 juillet sera l'occasion d'aborder un sujet qui me semble mériter quelques éclaircissements.
Si le terme gnose est fort utilisé à tout bout de champ pour valoriser une pensée qui se veut spirituelle, il semble mal maîtrisé et doit être différencié de celui de pensée intellectuelle appliqué au spirituel.

Ma définition de la gnose
La gnose est une connaissance, intuitive, enfouie au plus profond du je, du moi, qui va devoir être activée, réveillée, afin de libérer de l'ego, notre partie divine, le Bien, l'émanation du Père, retenue prisonnière, l'Âme.
Activée, réveillée comment? Et avec qui?

bonjour Vidal 

vous dites : La gnose est une connaissance, intuitive, enfouie au plus profond du je,


et en même temps je peux lire : logion 3 "mais le royaume est au dedans de vous et il est au dehors de vous" 

y a t il une différence entre le royaume et la gnose ? 

merci 
amicalement

Bonjour Philippe
J'interprète que le Royaume qui est en moi, c'est l'Âme, faite prisonnière.
La gnose, la connaissance, le message, mon interprétation du message, la parole du Vivant, c'est elle qui va la libérer et la ramener dans le Royaume.
Il n'y a pas de différence quand on règne sur le Tout. Logion 2

C'est mon analyse.

Pour compléter ta question...
Pour voir le Royaume qui est au dehors de nous, il faut s'être transformé, radicalement, s'être fait ''parole du Vivant'', Fils du Père.
Avoir fait le deux Un.
C'est mon interprétation des logia 2 et 3 et de la suite.

J'aime bien quand les gnostiques deviennent plus bavards!

Ha ha, tu veux du bavardage venant d'un gnostique? Pour comparer nos points de vue?
En voila, sur les 21 premières logia de l'évangile selon Thomas

je ne suis pas très au fait de la Gnose, y a t il un auteur ou un livre à lire de préférence ? 
hormis celui de Vidal que j'ai commandé !
amicalement 
Philippe

Simone Pétrement : Le Dieu séparé
Henri-Charles Puech : t. 1 La gnose et le temps

C'est un début.

Merci
Bonne journée

Prêche : Gnose et gnosticisme ://www.youtube.com/watch?v=X_SaNEFIDM0&t=15s


Guilhem est un ''Cathare'', un revêtu, un Chrétien. Quoi de plus normal que tout commence avec l'apôtre Paul. 
La gnose, c'est autre chose. Il y est dit, dès le premier logion, il y en a cent vingt, que les interpréter peut t'ouvrir les portes du Royaume.

Pour les cathares, le message se comprend dans le partage et se vit ensemble, malgré la progression individuelle dans le cheminement. C'est il me semble ce qui nous différencie le plus.

Oui Chantal, le logion 11 de Thomas, que l'on retrouve décliné sous différentes formes par Enoch, Paul, Marc, Matthieu, Luc, est on ne peut plus explicite: 
vous avez été un, et vous vous êtes faits ou on vous a fait deux; maintenant que vous êtes deux, comment allez vous faire?

A chacun sa méthode
Le cathare a choisi son chemin. 
Le gnostique chemine sur un autre, pas très loin.

Merci à Guilhem pour cette clarification sur un sujet si épineux. En effet, on se rend compte par ce prêche qu' il n'y a pas une mais plusieurs définitions possibles de la gnose et des gnostiques, selon la propre " sensibilité spirituelle", la propre "Église" de chacun. 
Quand on lit la définition proposée par François Décret, on ne peut se prétendre cathare et gnostique à la fois: « La gnose est une doctrine philosophico-religieuse selon laquelle une connaissance directe de vérités cachées concernant l'humanité, le monde et la divinité est accessible par un enseignement, le plus souvent ésotérique, un parcours, la plus souvent initiatique, ou une révélation […] La gnose désigne en même temps, le contenu de cette connaissance». 
En effet, dans le catharisme, il n'y a pas l'ombre d'une connaissance cachée. La vérité est contenue dans le message christique des évangiles, et en premier lieu de la voie d'Amour, et, la connaissance s'acquiert en suivant le chemin tracé par la Règle de justice et de  vérité.
Pour Simone Pétrement, le gnosticisme est d'origine Chrétienne, comme pour Clément d''Alexandrie  qui définissait le gnostique comme un chrétien accompli. 
Si on qualifie de « gnostiques» l'idée que le monde est l'œuvre du diable, le déni d'un Jésus incarné et le rejet de la Sainte Trinité, et si dans un même temps la gnose représente une connaissance à acquérir par l'étude et l'ascèse, il est évident que les cathares sont gnostiques. 
Quand les "gnostiques" sont définis uniquement du point de vue de l'Église catholique romaine se prétendant détentrice de la seule vérité, tout hérétique est alors gnostique et le terme même semble vidé de tout sens.
Voilà donc un mot fourre-tout sur lequel il n'est pas utile de perdre plus de temps car il est vrai que l'essentiel aujourd'hui pour tous ceux qui ont commencé un chemin spirituel est  de s'interroger sur son propre choix quant à la connaissance (ou gnose) que l'on désire acquérir. C'est ce choix précis et les actes qui  en découlent qui sont  les seuls garants de notre chemin de foi.  
Il est essentiel de connaitre les Écrits cathares avant de se penser cathare, croyant cathare.

Ce sujet qui est très populaire de nos jours, alors que la plupart de ceux qui s'y réfèrent ne l'ont pas étudié, montre la nécessité des savoirs pour exprimer à juste titre un intérêt ou une appartenance à un groupe.
Déjà compliqué pendant les trois premiers siècles de l'ère commune, la gnose est aujourd'hui fortement déformée par ceux qui s'en emparent pour des motifs purement égotiques.
Ceux que le catharisme intéresse doivent comprendre l'importance de l'étude et de la recherche si l'on veut entrer en spiritualité sans emprunter, dès le début, un chemin détourné qui nous empêchera de retourner au Père.

Pour mettre à l'arrêt mes cogitations à ce sujet j'adopterai comme définition de la «gnose» le terme simple de «connaissance spirituelle» sans aucune autre fioriture qui  risquerait de l'affaiblir. Le gnosticisme est d'ailleurs étymologiquement parlant l' antonyme  de  l'«agnosticisme» ou, non-connaissance. 
Comme l'a donc dit Guilhem, le cathare, par sa recherche de la connaissance dès son éveil est bien un gnostique. Il se différencie néanmoins du gnostique tel qu'il fut défini par François Décret par le fait que son retour à l'empyrée divin ne se fait pas par l'acquisition de vérités cachées, mais par le chemin christique dans l'altérité et la Bienveillance. Oui, ami gnostique, nous cheminons sur un autre chemin, pas très loin.
Pour les amoureux d'ésotérisme par contre, laissez tomber le chemin cathare car ce n'est pas le vôtre. Aucun ostracisme dans cette affirmation, ce sont les Écrits cathares eux- mêmes qui le disent.

C'est François Décret qui a écrit ''vérités cachées?'' en parlant de la gnose? C'est osé.


Des paroles cachées, oui! Car en ce temps là, la Loi, la Torah était sans pitié. Caillassage assuré.
J'ai listé les 30 logia qui on été cachées.
Jean, bien plus tard, dans son évangile, début I siècle, va en reprendre une douzaine. Vous trouvez pas cela, bizarre?

Je commente et je bondi à ''vérités cachées'' parce que même, le message, ne parle pas de cela, mais des clés de la connaissance cachées par les pharisiens et les scribes. (L39) Enoch, Paul, Marc, Matthieu et Luc en on parlé.
Quand a ce que tu entends dans ton oreille, dit le message, proclame le sur ton toit. 
Qui parle de le cacher? 
L'interpréter, c'est tout autre chose. (L33) Marc, Matthieu et Luc.

Exactement, et même il est écrit : Quand tu trouves une lampe allumée, tu ne la cache pas sous le boisseau, mais tu la mets en haut du lampadaire.
Christ l'a dit : Je vous révèlerai les choses cachées depuis la fondation des temps. Coup d'œil à René Girard. 

Cette phrase qui a inspiré le titre-phare de René Girard , Matthieu ( 13,35b) l'attribue à Jésus:

Citation :

Je proclamerai des choses cachées depuis la fondation du monde.

 En effet , après coup, on remarque, même sans être cathare, que  l'Église catholique romaine, une fois s'étant assuré le pouvoir sur les âmes, ne fonctionnera que dans le secret, le mystère, le "merveilleux", entretenant toutes ses ouailles dans l'ignorance et l'inculture en leur interdisant la connaissance des Écritures exprimée dans une langue hors de leur portée. 
Tant de choses cachées dans le temps pour mieux asservir les consciences! On ne s'étonnera pas de  voir ces textes encore étudiés et revisités alors que la religion même n'occupe plus tant de place dans la vie des humains d'aujourd'hui. 
On peut saluer cet acte vraiment "révolutionnaire" des cathares qui prirent au pied de la lettre ces paroles christiques en écrivant  en langue vulgaire (c'est-à-dire la langue de tous), ces textes sacrés pour enfin avoir progressivement accès au message.

Matthieu n'a d'ailleurs pas peur de se contredire, car il écrit un peu avant pour expliquer l'emploi des paraboles: 13, 11-12:

Citation :

Il répondit: «Parce qu'à vous il est donné de connaitre les mystères du royaume des cieux, tandis qu'à ceux-là ce n'est pas donné. Car à celui qui a il sera donné, et il sera dans la surabondance; mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera retiré…»

On retrouve ces paroles d'exclusion chez Marc 4,11-12:

Citation :

Et il leur disait: À vous, le mystère du règne de Dieu est donné, mais pour ceux du dehors tout devient énigme pour que tout en regardant, ils ne voient pas et que tout en entendant, ils ne comprennent pas de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il leur soit pardonné»

 Ces phrases m'ont longtemps fait cogiter.     La connaissance est aussi inaccessible ici-bas qu'au temps du Paradis  pour ces pauvres humains. Les judéo-chrétiens reprennent le schéma du peuple élu de l'Ancien Testament avant d' attribuer  à toutes les hérésies" dérangeantes" , qu'ils taxeront de gnostiques, ces « vérités cachées» dans leurs propres Écritures.

Ce que ne voient pas les hommes de ce monde et que nous voyons est l'existence de l'empyrée divin d'où nous venons ; d'autres diraient le Royaume.
Il ne faut pas confondre ce que l'on ne voit pas faute d'être en état de le voir et ce qui est caché.
Rien n'est caché, contrairement à ce qu'affirment les ésotériques et autres groupes désireux de se prétendre préférés de Dieu, mais pour voir il faut ouvrir les yeux et retirer les écailles qui les recouvrent.

Au temps pour moi! J'ai parfois autant de mal à ouvrir les yeux que les disciples de Jésus. On peut donc dire, avec Matthieu que  l'être éveillé à l'Esprit peut s'ouvrir au «mystère du royaume des cieux», c'est-à-dire tenter le cheminement de son retour au Bien, alors que pour « ceux du dehors», ou les non-éveillés la vérité reste cachée « de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il leur soit pardonné», c'est-à-dire afin qu'ils ne puissent tenter de se libérer de leur tunique d'oubli et mettre fin au cycle des transmigrations.

Oui, le démiurge cherche à obscurcir nos esprit à la vérité du salut.
C'est donc par un travail personnel que l'homme pourra comprendre sa situation et décider ensuite s'il veut aller plus loin ou pas.

 dans la suite des propos plus haut 


" un mensonge n'a qu'une seule chance de tromper, c'est qu'on le croie vrai. Le mal cherche à imputer toute erreur à Dieu, en sorte que le mensonge semble faire partie de la Vérité éternelle. " auteur une protestante américaine 


c'est la tout mon travail de séparer ce qui vient de Dieu et ce qui vient du mensonge