La corde - téléfilm de Arte

Ce téléfilm, réparti en trois épisodes d'environ 45 minutes chacun, présente une communauté scientifique vivant en vas clos au sein d'une immense forêt.
Ils cherchent à valider une théorie astronomique portée par un couple deux scientifiques dont l'homme est plus âgé que la femme, elle-même aveugle.
La découverte d'une corde dont une extrémité se trouve à quelques centaines de mètres du complexe scientifique et de ses téléscopes, va provoquer une réaction irrationnelle de la part de six membres de l'équipe, dont le directeur, plusieurs chercheurs, dont une jeune stagiaire et un cuisinier, par ailleurs époux d'une scientifique particulièrement renfermée.

Décidant de trouver l'autre extrémité de la corde et la raison de sa présence, il vont partir en pleine forêt, au point de perdre leurs repères et la notion du temps.
Pendant ce temps, ceux qui sont restés au laboratoire finissent par déclencher les secours qui, après environ un mois abandonnent les recherches.

Des remises en questions, des accidents et des drames émaillent ce récit qui, s'il semble être une étude sociologique pour le réalisateur et les scénaristes, peut très facilement devenir l'occasion d'une étude introspective pour nous.

On peut bien sûr se demander que fait cette corde là, ou même qui l'a posée et dans quel but? Tout cela pourrait être un jeu diabolique. Moi aussi, je trouve la réaction des  individus irrationnelle et je n'ai pas vraiment compris leur obstination pour certains à poursuivre le chemin oubliant ce qui les lie et mettant en danger les autres membres du groupe. L'attitude " jusqu'auboutiste " de la scientifique " autiste" peut émouvoir: son mal-être est tellement envahissant. Mais finalement, malgré son retour l'énigme n'est résolue pour personne , sauf peut-être pour elle dans la mort. Cette histoire est angoissante jusqu'au bout, néanmoins sa dimension psychologique, me semble t-il, a l'habileté de renvoyer chacun à ses propres phantasmes et peurs les plus secrètes. Si c'était le but recherché, alors le film est réussi.

La corde est une métaphore du chemin vers le savoir ultime.
Il est impensable pour chacun de nous qu'une corde n'ait qu'une seule extrémité. Quand on en prend un bout on sait intuitivement qu'en tirant dessus ou en la suivant on trouvera l'autre bout.
Mais là, la corde semble sans fin — ce qui semble impossible — et le mystère de ce qui se trouve au bout empêche d'arrêter de poursuivre la quête. Le côté anachronique renforce la nécessité de savoir.
Les scientifiques sont particulièrement sensible à cela puisqu'ils en ont fait leur but dans la vie.
Cela est si évident qu'ils finissent par attribuer à la corde des pouvoirs qu'elle n'a pas, comme la guréison du cancer. C'est l'effet placébo.
L'incohérence échappe à tous, comme de savoir qui peut bien avoir installé une corde aussi longue, donc aussi lourde ?
Sans compter qu'elle semble inaltérable.
Ce que je retire de cela c'est le concept du cheminement que nous faisons : mondain dans la recherche du phénomène sidéral et spirituel dans la recherche du sens de la corde. Mais cheminer n'est pas sans risque : aller trop vite entraîne des chutes et des blessures (comme pour les deux premiers cas), cheminer en essayant de ne pas suivre exactement la corde peut causer la mort sur le cheminement (comme pour le professeur qui tente le raccourci de la gorge).
Le cheminement nous pousse à révéler notre personnalité : l'un semble fort mais se laisse entraîner par les autres, l'une est renfermé et rejette l'amour de son mari, mais revient sur ses pas à la fin car elle ne peut cheminer seule, etc.