Jonathan Livingston le goéland

Je vous laisse un mois pour lire et/ou voir le film éponyme, sans oublier d'écouter la chanson phare Be de Neil Diamond.
Je vous donnerai mon avis en mai.
PS : relisez également Le petit prince de Saint-Exupéry et l'allégorie de la caverne de Platon dans La République.

Trois lectures cadeaux! Je me mets au travail avec enthousiasme!

J'ai encore une fois relu ces deux contes avec autant de ravissement, et en les associant à ce mythe de la caverne, on peut se rendre compte de la portée universelle qu'avaient dans le passé les contes pour des   populations qui ne savaient ni lire ni écrire; ils étaient bien alors les seuls véhicules possibles pour transmettre la sagesse et l'Amour. On comprend aussi logiquement comment un esprit cathare d'aujourd'hui peut faire référence à de tels substantiels, même si l'on ne connaît pas encore le contenu de son prochain prêche. 
Je vous livre ici mes dernières réflexions en espérant susciter les vôtres.
Le Petit Prince est un conte philosophique, une réflexion sur le monde intérieur et le sens de la vie. Les réponses apportées au Petit Prince sont  cocasses et mettent souvent en lumière la stupidité humaine. Les personnages rencontrés sont des archétypes représentant les caractères humains que l'on doit dépasser pour pouvoir être soi et communiquer avec les autres. C'est en retrouvant le chemin de l'enfance, de l'innocence, que le narrateur (et le lecteur) pourra progresser sur le chemin du salut et échapper à la lente agonie d'un monde privé de valeurs.
Son chemin initiatique n'est pas sans rappeler les 6 jours de la création; la visite des 6 planètes avant son arrivée sur la terre.
Sa quête d'amitié se sublimise petit à petit passant du désir de possession («Dessine -moi un mouton») au partage d'un lien naturel qui perdure au-delà de la présence physique. 
 Á partir de la rencontre avec le renard, le Petit Prince ne rencontre plus d'humains (hormis l'aviateur) mais des animaux, le renard et le serpent qui vont lui dévoiler des vérités éternelles. Le renard initiateur lui fait découvrir la véritable valeur des sentiments. Les deux vrais amis sont ni demandés, ni à emporter. Il développe son Amour tout en permettant à l'aviateur de redécouvrir ce qu'est l'Amour: «Je me moquais bien de mon marteau[…] de la soif, de la mort. Il y avait sur la terre un Petit Prince à consoler.» 
« L 'essentiel est invisible pour les yeux» reprend la théorie de Platon: «Le monde des Idées, accessible à la raison, seul détenteur de la Vérité » C'est aussi l'image amusante du chapeau ou l' éléphant caché dans le boa. Mais Saint-Exupéry, lui refuse tout rationalisme au dépens de l'intuition et du cœur.
«On ne voit bien qu'avec le cœur» reprend la distinction de Pascal sur les Vérités sensibles au cœur, c'est-à-dire l'intuition, par opposition aux vérités que l'on découvre par la déduction et/ou la raison.
Une référence aux Évangiles enfin apparaît clairement dans la symbolisation de la mort lors de  la scène avec le serpent. Comme Christ, le Petit Prince sait qu'il doit mourir pour mieux renaître et , malgré sa peur, il accepte son destin. 
Cette invitation à regarder le monde différemment, cet éclairage sur les travers humains et ce désir de transmission de valeurs intemporelles ne peut que plaire à la pensée cathare.
Je parle trop, aujourd'hui. Demain, j'aimerai bien parler un peu de «Jonathan »

«Jonathan Livingstone le goéland», le conte par excellence qui parle de l'Amour Agapè, l'amour désintéressé, l'Amour qui ne cherche pas à posséder. 
Ce conte est dit « récit philosophique sur l'altruisme et la liberté». Il importe, à mon humble avis, que tous les enfants l'entendent et si possible le lisent dès 7ans, comme «Le Petit Prince».
Nous suivons donc le long de ce récit le cheminement initiatique d'un jeune goéland qui cherche à parfaire sa technique de vol, pour aller plus haut, pour échapper à cette vie de compétition et de recherche de nourriture qui conditionne sa race. Cette recherche dès le départ est en effet altruiste car Jonathan  la conçoit  comme une recherche pour tous, et il s'attachera tout au long de sa quête de ne penser la perfection que comme un bien à partager. Plus avancé sur son chemin, son questionnement sera «comment faire profiter les autres de ses découvertes?»
Son cheminement, tel le cheminement cathare est fait de tâtonnements, d'échecs, de solitude face à l'incompréhension de ses parents, au mépris de ses pairs. Le comportement de Jonathan est bien sûr ressenti comme dérangeant, voire dangereux pour la communauté par son mépris de la conformité. Cet oiseau, à l'instar du cathare confirmé, réalise une véritable inversion des valeurs , inversion incompréhensible pour tout goéland dans la norme . S'en suit le rejet, l'exclusion.
Les aides: les deux goélands initiateurs vont aider Jonathan à poursuivre sa quête sans désespérer. Voler plus vite, voler plus haut devient une véritable allégorie de son projet d'Amour qui aboutira dans le don de soi du guide qu'il parvient à être. 
L'aspect prophétique est clair dans la« transfiguration» de l'oiseau-héros, et la comparaison avec le chemin christique ne nous échappe pas: d'abord  incompris et rejeté par les autres, il continue de croire en ses convictions et trouve l'aide nécessaire pour poursuivre sa quête du Bien. C'est cela aussi la foi. La fin du conte devant être heureuse, Jonathan est reconnu sans avoir besoin de disparaître. 
Le message, ici encore, nous encourage à ne surtout pas nous arrêter aux apparences trompeuses, à remettre en cause les normes culturelles, sociales, religieuses qui nous enferment  dans un monde matérialiste voué à une perte lente mais inexorable. Il faut avant tout avoir la force de développer la liberté nécessaire à nous réaliser pour pouvoir pleinement aimer les autres, c'est-à-dire partager découvertes et savoirs dans le but spirituel d'un Salut commun.
C'est beau!

N'oublions pas non plus le message sur le lâcher-prise et la peur qu'il suscite chez ceux que la norme rassure. Sans oublier les motifs profonds du rejet de celui qui se singularise et en retire une satisfaction, car comme l'explique René Girard, le groupe se protège de ceux qui se font trop remarquer en les excluant et aucun argument ne peut être entendu de celui qui évolue car, comme disait un autre : Nul n'est prophète en son pays.

Le discours philosophique dans «Le mythe de la caverne», n'est pas différent des enseignements que l'on peut tirer des deux contes. 
Pour l'essentiel, nous devons nous rappeler que le réel n'est pas homogène pour Platon. Il se décompose en effet en deux parties: d'une part «le monde sensible» accessible aux sens, c'est le réel immédiat source d'erreurs et d'illusions, d'autre part « le monde intelligible», accessible à la seule raison, lieu des Idées et de la vérité. En associant la réalité et la vérité, Platon condamne le monde sensible. «Le cheval n'est pas la vérité, seule l'idée de cheval est vraie.» 
Ainsi, la caverne désigne le monde sensible, dont le sage (le philosophe) doit se détourner au profit du monde des Idées. L'accès à la Vérité passe par la contemplation, le développement de la raison.
Le monde des Idées , éternel et immobile, prévaut sur le monde sensible qui n'est qu'illusion temporaire, fausse réalité.
Comme les prisonniers de la caverne, la personne qui ignore croit voir la réalité mais lorsqu'elle accède au savoir (qu'elle sort de sa grotte pour aller vers la lumière) elle comprend qu'elle vivait dans l'illusion.
Le Petit Prince et ses questions sur le «mode intérieur», le sens de la vie, comprend avec l'aide du renard que l'essentiel est invisible pour les yeux,  ou encore seul le monde des Idées peut nous amener à la Vérité.
Il faut apprendre à regarder le monde différemment, c'est le leitmotiv du conte «Jonathan Livingston», ne pas s'arrêter aux apparences trompeuses (le monde sensible), apprendre à remettre en cause les normes sociales culturelles, les croyances, «les manières de penser et d'agir extérieures aux consciences individuelles mais qui s'imposent à elles par un pouvoir coercitif»( une très juste définition d'E. Durkheim). Ce sont nos «tuniques d'oubli» qui nous clouent ici-bas. Seul le courage de penser différemment peut donner la liberté nécessaire  qui permettra à l'être de se réaliser. 
 Laissons le dernier mot à Platon:

Citation :

Aux dernières limites du monde intellectuel, est l'idée du Bien qu'on aperçoit avec peine, mais qu'on ne peut apercevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de beau et de bon; que dans le monde visible, elle produit la lumière et l'astre de qui elle vient directement; que dans le monde invisible, c'est elle qui produit directement la vérité et l'intelligence; qu'il faut enfin avoir les yeux sur cette idée  pour se conduire avec sagesse dans la vie privée ou publique.»

C'est le mental qui est la cause de nos pérégrinations, un coup dans le Bien, un coup dans le mal. C'est lui qui, dans ce monde, nous tourmente. Apprendre à se détacher, à s'élever, à être en paix, à voir dans le prochain une raison d'espérer, à voir dans l'invisible la Lumière et grâce au verbe, retourner d'où nous venons.

Oui ,le mental quand il est uniquement sous la houlette de notre âme mondaine, c'est-à-dire les trois-quarts du temps. Ta dernière phrase est vraiment très belle, José!

Un livre des plus alchimiques. Génial !

Alors  alchimie de l'Amour, seulement.

Encore faut il s entendre sur ce qu est L Amour qui est un état au delà des émotions

Avec un A majuscule, c'est l'agapê des Grecs, la dilection des judéo-chrétiens et la Bienveillance pour moi.

L Agape est en effet ce qui se rapproche le plus.
L état Amour c est déjà un état immobile. Où il n'y a plus d agitation intérieur. C est un lâche prise, notion qui est absolument dévoyé de nos jours.
Comme le dit un de mes enseignants c est aussi être silencieux...dans le brouhaha on n écoute pas.... A vous de voir de quel brouahah il s agit et enfin il s agit être rectifié et la aussi ce terme n est pas forcément compris...
Déjà savoir écouter est un des principes de la bienveillance. Sans écoute pas de bienveillance.