Alphandéry - Idées hétérodoxes…

Comme cet ouvrage est tombé dans le domaine public, je l'ai mis en ligne même si je vous conseille la plus grande prudence car cet ouvrage illustre les failles de l'exégèse basée sur des sources mal lues ou mal comprises.

Paul Alphandéry : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

L'historien nous resitue dans son contexte historique ( les XIIème et XIIIème siècles) la ferveur d'un mysticisme populaire, puis   la montée de ces mouvements religieux réclamant une épuration de la morale face à un clergé de plus en plus corrompu ( Béguines, Confrérie des Capuciés, les Humiliés, Pauvres de Lyon …) Il dresse un portrait parlant d'un pape (Innocent III) juriste avisé mais incapable de réformer les mœurs ou de répondre à un idéal moral populaire. Paul Alphandéry  a, aussi,  l'honnêteté intellectuelle  de constater que les voies tracées par plusieurs générations d'hérétiques persécutés sans relâche par l'Église romaine ( les cathares et les vaudois) profitèrent à Saint François d'Assise qui n'avait plus qu'à  «attacher» son nom à une «œuvre laborieusement préparée par l'activité anonyme des hétérodoxes» éliminés. 
Malheureusement, quand il approche la doctrine cathare, il n'échappe pas aux poncifs de l'ignorance et de la caricature:
«Cette toute puissance classe des parfaits détenait le Salut et la Damnation et les dispensait selon son bon vouloir» p43, «De ce moment, le croyant était devenu "cathare", pur, parfait. Il pouvait mourir sûr du paradis et de la joie éternelle. Le Consolamentum lui avait donné la paix[…] sans se soucier de la contradiction car on peut lire juste avant: «Il n'existait qu'une confession, c'était celle du parfait qui avait péché.»… Et, encore « le lent suicide qui suivait le consolamentum »
Les inepties encore plus idiotes sur l'endura, ne manquent pas : « Parfois la souffrance forçait le patient à hâter sa mort; il diminuait alors ses forces en se faisant saigner ou en prenant des bains, buvait des narcotiques pour ne pas ressentir les affres de la faim…, et le  pompon!  «Des femmes en endura, se cachaient parfois pour manger, avec la complicité de quelqu'une de leurs parentes; d'autres à force de supplications, obtenaient des cathares qui les assistaient un verre d'eau froide …»
Comme c'est dommage, d'avoir à lire de tels propos de la part d'un «historien»!

Bien sûr, j'en ai oublié, et pas des moindres. Car, on peut lire, aussi: «Or, le croyant souillé du péché originel (concept totalement catholique ,ici faussement attribué  au catharisme), ne pouvait même pas s'adresser à Dieu.» Ou encore: «On s'étonne moins ensuite de voir quelle vénération matérielle  certains croyants manifestent pour le Saint Esprit.» et encore, au sujet des croyants: «Aussi beaucoup de ces derniers , sachant que tout Salut, que tout repos étaient entre les mains des cathares (des chrétiens), qu'ils pouvaient aisément absoudre tout péché, se remettaient à eux du soin de leur âme, quelque chargée que fût leur conscience.»
L'erreur la plus grave peut-être est celle  de retenir un cas exceptionnel de transgression  de la doctrine   pour en faire une généralité : « On consentait généralement à consoler des enfants en danger de mort.» p47.
Il semblerait que la difficulté essentielle des historiens s'étant intéressés au catharisme fut en tout temps d'étudier sérieusement sa doctrine, et plus on remonte dans le temps, plus on peut se rendre compte du laisser -aller, voire de l'incompétence scientifique dont ils purent faire preuve. 
On comprend mieux, alors, l'abondance et la pérennité de  toute cette littérature mensongère  et destructrice à l'égard du catharisme.