L'histoire de l'église marcionite

Arrivée au chapitre 8 du livre de A. Von Harnack, c'est de nouveau des considérations sur la foi qui me font cogiter avec Apelle.
A. Von Harnack écrit:

Citation :: Il n'y a aucune gnosis et aucun savoir sur Dieu, et citant Apelle " Je ne connais pas, je ne sais pas" (Ainsi commence aussi la doctrine de Dieu chez Platon). " Certes, pour moi-même, j'ai la foi en l'unique Principe (le Dieu un inengendré)mais je ne peux pas la transmettre en la démontrant; car cette foi n'est pas un savoir rationnel ou fondé sur des autorités, mais affaire d'un affect intérieur, dont je ne peux pas davantage rendre compte."

Ce qui fait dire à Von Harnack:

Citation :: Apelle ne mérite-t-il pas une place insigne dans l'histoire de la psychologie et de la religion pour avoir déclaré que la question de Dieu (au sens de l'existence et de l'unité) n'est pas affaire de savoir (ni logique ni historique), mais exclusivement affaire d'une détermination de notre vie psychique?

De même Lucain, autre élève de Marcion, va lui aussi rejeter philosophie et A.T comme sources de la connaissance de Dieu, en mettant à la place la "conscience subjective de Dieu". Il est heureux de retrouver aujourd'hui avec notre philosophe cathare cette même idée de la conscience toujours éveillée et élevée à de purs sommets :

Citation :: L'oeuvre majeure de la conscience consiste à épurer l'idée de Dieu jusqu'à la transparence. De même que la limpidité est la qualité suprême de l'eau et la transparence, celle du cristal, de même l'idée de Dieu ne doit être troublée ni par des sentiments ni par des sensations."

ou encore, pour préciser cette idée:

Citation :: Les religions se différencient schématiquement en deux groupes: le premier vénère un dieu revêtu de qualités terrestres , un dieu personnel. . . C'est le dieu créateur, maître du monde et de son devenir. Le deuxième groupe ouvre sa conscience à un dieu inconnu; Rien ne peut être dit à son sujet, sinon qu'il est le principe opposé du dieu qui régit la vie, la mort et les affaires du monde. . .Au premier groupe: la loi, la contrainte, la guerre juste. Au deuxième: l'équité, l'amour, la non-violence."

(Yves Maris; "La résurgence cathare le Manifeste)

Oui, Marcion et les cathares avaient pris conscience que Dieu est étranger et inconnu en ce monde, puisque Christ le rappelle « Nul ne connaît le Père, sinon le fils » c'est-à-dire son envoyé chargé de transmettre son message.
Si l'on peut connaître le Mal en observant les conséquences de ses actes, Dieu ne peut au mieux que se deviner par opposition au Mal. Nul doute qu'une fois débarrassé de notre gangue mondaine nous verrons ce que nous ne pouvons même pas imaginer. C'est un peu comme le soleil : nous ne pouvons pas l'observer finement sans nous brûler les yeux, mais nous recevons sa chaleur bienfaisante.