Toutes les choses de la terre
Il faudrait les aimer passagères
Et les porter au bout des doigts
Et les chanter à basse voix
Les garder les offrir
Tour à tour n'y tenir
Davantage qu'un jour les prendre
Tout à l'heure les rendre
Comme son billet de voyage
Et consentir à perdre leur visage.
La pierre et le sel, Anne Perrier in "Pour un vitrail" 1955.
Cette poète, de mère catholique non pratiquante et de père vaudois et calviniste non pratiquant, a fait le choix d'être une passagère en ce monde, ,celle qui observe, reçoit et célèbre sans jamais retenir. Ce détachement semble une réelle éthique. Elle explique ainsi elle-même sa démarche poétique: " Je rêve à une manière de " posséder en ne possédant pas", de prendre en acceptant de perdre aussitôt, je rêve à une sorte de possession aux mains ouvertes où le chant passerait comme l'eau entre les doigts."
Sa poésie est d'une simplicité et d'une pureté cristalline , où tous les êtres vivants, fleurs, oiseaux, insectes, miettes paraissent dans toute leur humble beauté..