Le dimanche 5 juin, Gilles Henri nous a entretenu sur la continuité apostolique et a fait référence à la lettre de Diognète (an 150) que voici:
Diognète
Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers2 . Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. V, 5-9 Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les lois. Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. On les méconnaît, on les condamne ; on les tue et par là ils gagnent la vie. Ils sont pauvres et enrichissent un grand nombre. Ils manquent de tout et ils surabondent en toutes choses. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils sont justifiés. On les insulte et ils bénissent. On les outrage et ils honorent. Ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats. Châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie. Les juifs leur font la guerre comme à des étrangers ; ils sont persécutés par les Grecs et ceux qui les détestent ne sauraient dire la cause de leur haine. V, 10-17 En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du monde. L'âme habite dans le corps et pourtant elle n'est pas du corps, comme les Chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde. Invisible, l'âme est retenue prisonnière dans un corps visible : ainsi les Chrétiens, on voit bien qu'ils sont dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible. La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans en avoir reçu de tort, parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs : de même le monde déteste les Chrétiens qui ne lui font aucun tort, parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs. L'âme aime cette chair qui la déteste, et ses membres, comme les Chrétiens aiment ceux qui les détestent. L'âme est enfermée dans le corps : c'est elle pourtant qui maintient le corps ; les Chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde : ce sont eux pourtant qui maintiennent le monde. Immortelle, l'âme habite une tente mortelle : ainsi les Chrétiens campent dans le corruptible, en attendant l'incorruptibilité céleste. L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif : persécutés, les Chrétiens de jour en jour se multiplient toujours plus. Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu'il ne leur est pas permis de déserter. VI En toute clémence et douceur, comme un roi envoie le roi son fils, Dieu l'a envoyé comme le Dieu qu'il était, il l'a envoyé comme il convenait qu'il le fût pour les hommes – pour les sauver, par la persuasion, non par la violence »: il n'y a pas de violence en Dieu. Il l'a envoyé pour nous appeler à lui, non pour nous accuser : il l'a envoyé parce qu'il nous aimait, non pour nous juger. VII, 4-5 Ne vois-tu pas qu'on jette les Chrétiens aux bêtes pour leur faire renier le Seigneur et qu'ils ne se laissent pas vaincre ? Ne vois-tu pas que plus on fait de martyrs, plus les Chrétiens se multiplient par ailleurs ? De tels exploits ne peuvent passer pour l'œuvre de l'homme: ils sont les effets de la puissance de Dieu, ils sont la preuve manifeste de son avènement. VII, 7-9 Quelle surabondance de la bonté pour les hommes et de l'amour divins ! Il ne nous a pas haïs, il ne nous a pas repoussés, ni tenu rancune, mais au contraire il a longtemps patienté, il nous a supportés. Nous prenant en pitié, il a assumé lui-même nos propres péchés ; il a livré lui-même son propre Fils en rançon pour nous, livrant le saint pour les criminels, l'innocent pour les méchants, le juste pour les injustes, l'incorruptible pour les corrompus, l'immortel pour les mortels. [...] Ô doux échange, opération impénétrable, ô bienfaits inattendus : le crime du grand nombre est enseveli dans la justice d'un seul et la justice d'un seul justifie un grand nombre de criminels. IX, 2.5 Celui qui prend sur soi le fardeau de son prochain et qui, dans le domaine où il a quelque supériorité, veut en faire bénéficier un autre moins fortuné, celui qui donne libéralement à ceux qui en ont besoin les biens qu'il détient pour les avoir reçus de Dieu, devenant ainsi un dieu pour ceux qui les reçoivent, celui-là est un imitateur de Dieu. Alors, quoique séjournant sur la terre, tu contempleras Dieu régnant dans la cité céleste, tu commenceras à parler des mystères de Dieu, alors tu aimeras et admireras ceux qui sont torturés parce qu'ils ne veulent pas renier Dieu.
Mon analyse à travers le filtre gnostique
Les chrétiens sont dans ce monde mais pas de ce monde (Ev Th) Ils n'abandonnent pas leurs nouveaux nés (comme le font les païens) Ils partagent la même table mais pas la même couche (les païens) Ils sont le Bien (Ev Th) Ils sont pauvres (Ev Th) Ils n'ont rien et ils semblent régner sur le tout (Ev Th) Ils sont haïs (Ev Th) Les Juifs et les Grecs les persécutent (Il semblerai que nous soyons en Égypte, à Alexandrie) (Ev Th) Ils font de l'âme leur part divine Elle est invisible (Ev Th) Elle est prisonnière du corps (Ev Th) La chair déteste l'âme (Ev Th) L'âme est éternelle (Ev Th) L'âme est le vecteur qui nous ramène au Royaume (Ev Th) L'homme est corrompu (Ev Th) L'âme se renforce par l'humilité (Ev Th) L'âme est au service du Père (Ev Th) Jésus est envoyé pour nous enseigner comment nous libérer (Ev Th) Se libérer est une très dure épreuve (Ev Th) Ineffable la bonté du Père (Ev Th) Etre un jumeau(Ev Th)
C'est bizarre quand même. Nous sommes en cette année 150 +/- devant un résumé interprété de l'évangile selon Thomas.
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Guilhem Admin
Messages : 1739 Date d'inscription : 04/11/2021 Age : 67 Localisation : Carcassonne (Aude)
Sujet: Re: À Diognète Mar 7 Juin - 18:36
Je vous livre le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]et mes commentaires selon ma vision cathare.
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Guilhem Admin
Messages : 1739 Date d'inscription : 04/11/2021 Age : 67 Localisation : Carcassonne (Aude)
Sujet: Re: À Diognète Mer 8 Juin - 5:56
J'ai corrigé une erreur de mon introduction. La destruction de l'original a eu lieu en 1870 et non pas en 1992.
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Chantal
Messages : 1090 Date d'inscription : 05/11/2021 Age : 69 Localisation : Bayac Dordogne
Sujet: Re: À Diognète Mer 8 Juin - 11:19
Ce texte est très intéressant pour plusieurs raisons. La beauté de l'extrait, présenté tout d'abord par José, est contenue dans le courage de l'auteur à s'exprimer si librement sur un tel sujet à l'époque des persécutions chrétiennes (ou bien avait-il de bonnes protections?) Je trouve aussi un intérêt sociologique à son "analyse" des diverses religions de l'époque; cela nous laisse entrevoir le foisonnement des idées religieuses et des syncrétismes qui ont pu en découler. Enfin son questionnement sur la réalité de Dieu (chapitre huit) me parait bien moderne. En soulignant l'absurdité de l'iconographie païenne, de l'idolâtrie des juifs et de la vanité des rites religieux en général, il montre de nouveaux horizons possibles à toute conscience prête à s'interroger tout en mettant en exergue ce qui est novateur dans cette nouvelle religion qu'est le christianisme. Ce chrétien qui n'a pas de patrie, qui vit sur la terre mais est citoyen du ciel, qui est "habité" par l'Amour Universel", et répond à la violence par la Bienveillance, est donc représenté par la belle allégorie de l'âme. Mais comme le remarque Guilhem , en attribuant à cette dernière une si mauvaise place, on se rend alors compte que l'auteur confond Dieu avec le démiurge. C'est vraiment dommage! Il y était presque! Et l'erreur persiste dans le chapitre 7 (Dieu aurait envoyé son fils non-violent pour créer ce monde violent que nous devons habiter). Dans le chapitre 8, le questionnement sur Dieu ne manque pas de saveur.
Citation :
Aucun être humain ne l'a jamais nommé ni fait connaitre; c'est lui-même qui s'est manifesté. Il s'est manifesté à travers la foi: c'est à elle seule qu'il a été accordé de voir Dieu.
Ce questionnement se rapproche bien de la philosophie cathare. Mais les éléments de réponses trahissent de nouveau l'erreur judéo-chrétienne qui nomme Dieu, créateur de ce monde imparfait et qui plus est
Citation :
. . .apporte à ceux qui l'aiment vraiment.
Le Dieu des cathares apporte à tous ceux qui veulent recevoir et aime sans préférence, car il est le principe du Bien universel. Qu'il est bon de découvrir de tels textes! Ils nous aident vraiment à comprendre les errances de l'humain dans sa quête du Bien.
J'ai beaucoup aimé le sujet, très bon et instructif, merci à Vidal pour l'analyse à travers le filtre Gnostique, merci à Chantal pour la réponse, merci à Guillem pour le lien vers le texte de Diognète et pour ses commentaires sur chaque chapitre, avec lesquels Je suis complètement d'accord. J'ai lu ce texte trois fois et est arrivé à la conclusion que le christianisme juif possède les enseignements de Jésus-Christ et de l'Évangile. Là où Jésus-Christ lui-même dit qui Dieu est le père et qui il est, celui qui a vu le fils a vu le père, moi et le père sommes un, Dieu est amour, ils n'ont pas compris cela, mais ont pris ce qui a été imposé aux Juifs et sont allés égaré
Dernière édition par Vladimir le Dim 24 Mar - 22:46, édité 1 fois