Le cheminement et ses pièges

Pour en avoir subi la tentation, même si je ne suis pas forcément tombé dans tous, j'ai réussi à identifier plusieurs pièges qui nous sont tendus par la mondanité quand nous commençons à cheminer sur la voie cathare.
Un des plus efficace est celui qui s'ouvre sous les pas du nouveau converti, que la société appelle la crise d'adolescence. Il s'agit d'une envie irrépressible d'accélérer le mouvement en vue de se rapprocher de la vie évangélique, même si l'on sait que l'on ne pourra pas y entrer en raison des freins sociaux qui nous bloquent.
L'idée est alors de mettre en œuvre ce qui est le plus facile, c'est-à-dire les pratiques rituelles. Mais c'est une erreur, car pratiquer en aveugle ne peut mener qu'à la chute. Ce qui importe ce n'est pas la pratique rituelle, mais la pratique doctrinale.
Donc, si vous sentez que vous êtes suffisamment motivés pour tenter de faire un pas de plus, le plus utile est de mettre en œuvre les deux pratiques doctrinales qui constituent les fondamentaux du catharisme : l'humilité et la non-violence. Cela prendra du temps, mais ce sera du temps bien employé. Le reste viendra plus facilement.

Merci beaucoup, cher Guilhem, de ce rappel salutaire.
La pratique de l'humilité et de la non-violence sont en effet deux véritables tests dans la durée pour un croyant en cette période du tout médiatique et de glorification de la performance ainsi que de violence omniprésente car présentée comme voie de dialogue normale quels que soient les problèmes à résoudre.
Et j'avoue que ce n'est pas facile de s'y conformer.
Bonne journée à toutes et tous.

Les pratiques de la non-violence absolue et de l'humilité atteignent rarement la perfection, en tout cas dans la vie des croyants; je suis convaincue, moi aussi, que c'est une discipline à travailler de façon permanente. Néanmoins, contrairement à Guilhem , je ne pense pas que de mettre en oeuvre les pratiques rituelles est plus facile. Ces pratiques faisant aujourd'hui partie intégrante de sa nouvelle vie de Consolé, son regard est tout autre. Je vous confie, qu'en tant que croyante aujourd'hui, les rites, les heures me paraissent être un frein redoutable à ma liberté, et je me demande souvent si plus tard, je pourrais dépasser ces appréhensions qui doivent forcément être vaincues pour entreprendre un noviciat. Suis-je la seule à penser ainsi?

Je pense que dans sa réflexion, Guilhem fait allusion au jeûne, sujet très " mode" et qui, on le voit bien même sur ce forum, occupe un temps certaines personnes (parfois qui ne font que passer). N'est-ce pas mettre la charrue avant les boeufs? La chute évoquée par Guilhem serait la raison de leur disparition de "notre radar".

Des rites très codifiés et des astreintes de divers types ont toujours rythmé ma vie professionnelle. Aussi, en ce qui me concerne, la pratique rituelle en tant que telle ne me semble pas être insurmontable et ne m'apparaît pas comme un frein à ma liberté.

En revanche, je suis convaincu que ce n'est pas la lettre qui prime, mais l'esprit. Ainsi, il est certains rites et astreintes que je ne pratique plus car ils ne correspondent plus à l'esprit de mes activités actuelles. Ce qui veut aussi dire que, en tant que cathares, pour pratiquer les rites en tant que novice, il faut, ce me semble, d'abord saisir l'esprit qui les motive. Cet esprit est celui de la règle de justice et de vérité, dont les piliers sont l'humilité et la non-violence.

Aussi la recommandation de Guilhem m'apparaît pleinement justifiée : c'est en commençant, en tant que croyant, par la mise en pratique de l'humilité et de la non-violence que l'on fait progressivement sienne la règle de justice et de vérité. Une fois qu'elle est pleinement intégrée, on accède à l'état d'esprit qui permet, si l'on devient novice, de se mettre à pratiquer les rites tels que les jeûnes, carêmes, heures, oraisons etc. en tant qu'expression concrète de l'esprit qui les guide.

Et l'esprit te rend libre (2 Corinthiens 3:17 "Or, le Seigneur c'est l'Esprit; et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté"), ce qui fait que la pratique rituelle n'est plus un frein à ta liberté mais est au contraire son expression concrète, volontaire et pleinement assumée.

C'est pour cela que, tant que l'on n'est pas prêt spirituellement, "le jeûne du croyant est comme le jeûne du loup" comme le décrivait Bélibaste. Pour filer la métaphore agricole, "il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs", la charrue étant la pratique des rituels et les bœufs étant la pratique progressive et déterminée de l'humilité et de la non-violence.